Un feed-back? Volontiers, mais seulement s’il est positif

FMH
Édition
2021/2930
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2021.20027
Bull Med Suisses. 2021;102(2930):943

Affiliations
Dre, p.-d. et MME, présidente de l’ISFM

Publié le 20.07.2021

Le feed-back est l’un des principaux outils qui permettent d’assurer la qualité aussi bien dans le quotidien clinique que dans le domaine de la formation. De plus en plus demandé, on attend cependant souvent de lui qu’il soit positif. Or, un retour ne peut pas toujours être élogieux: il se doit aussi d’aborder les points critiques, même si cela n’est pas agréable. L’objectif du feed-back consiste à identifier les lacunes et à en tirer des enseignements. Pouvoir discuter des points dé­licats avec respect et professionnalisme est essentiel pour son acceptation. Un bon feed-back est un feed-back constructif, qui ne pose aucun jugement mais se contente de décrire une situation de la ­manière la plus factuelle possible, sans généraliser, et, surtout, qui repose sur une attitude bienveillante.
Depuis plusieurs années, un groupe de l’EPFZ dirigé par le Prof. Michael Siegrist de la chaire Consumer Behavior mène chaque année une enquête auprès des médecins assistant-e-s sur la qualité de la formation postgraduée. En plus des questions récurrentes, l’enquête comporte également un module portant sur un thème d’actualité. En 2019, les médecins en formation ont été invités à évaluer si les études les avaient bien pré­parés à leur future pratique professionnelle et si elles leur avaient appris à tenir suffisamment compte des facteurs sociaux. Les résultats sont réjouissants: les études de médecine semblent aujourd’hui intégrer davantage les compétences pratiques et sociales (cf. p. 944–947). Mais des améliorations sont encore possibles, et c’est précisément là où nous devons nous investir, pour créer une meilleure continuité entre formation prégraduée et formation postgraduée. Les retours des médecins en formation postgraduée peuvent aider les facultés à proposer un cursus optimal et adapté aux besoins.
Dans un même temps, les études de médecine qui constituent le socle de la formation postgraduée sont désormais axées sur l’acquisition de compétences. L’introduction, il y a quelques années, du référentiel PROFILES (Principal Relevant Objectives and a Framework for Integrative Learning and Education in Switzerland) développé par la Commission interfaculté médicale suisse (CIMS) s’est également accompagnée de l’implémen­tation des EPA (Entrustable Professional Activities), qui sont un excellent point de départ pour la formation postgraduée. Ces EPA permettent d’évaluer les progrès des médecins en formation (trainees) en fonction de leur niveau d’autonomie. L’ISFM travaille activement à l’intégration de cette approche orientée compétences dans la formation postgraduée et poursuit le développement des EPA mises en place dans le référentiel PROFILES en vue de les reprendre dans la formation postgraduée. Ici aussi, une continuité étroite est souhaitable et possible.
La question du feed-back suscite également un vif intérêt auprès des responsables de formation. Les modules consacrés à l’évaluation et au feed-back proposés par l’ISFM avec le Royal College of Physicians dans le cadre des cours Teach the teachers sont à chaque fois les plus prisés. Avec le passage vers une formation axée sur les compétences et l’introduction des EPA, ces thèmes ­devraient gagner encore en importance à l’avenir. La décision de faire confiance (Entrustability) au médecin en formation s’appuie en principe sur un feed-back de la formatrice ou du formateur: «J’ai confiance que tu es en mesure d’effectuer cette activité de manière autonome…» L’ISFM a récemment publié un document de travail sur ce thème (www.siwf.ch/fr/projets/epa.cfm). Un feed-back constructif et une formation médicale post­graduée axée sur les compétences ont ceci en ­commun qu’ils nécessitent tous deux de repenser ­l’encadrement des médecins en formation postgraduée – pour continuer, demain aussi, de former de bons médecins.