Une Task force fédérale «Climat et biodiversité»?

Briefe / Mitteilungen
Édition
2021/10
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2021.19668
Bull Med Suisses. 2021;102(10):362-363

Publié le 09.03.2021

Une Task force fédérale ­«Climat et ­biodiversité»?

Les phénomènes alarmants que sont le dé­règlement climatique et la baisse de la biodiversité préoccupent de nombreux collègues, entre autres parce que ces changements ­auront de sérieuses conséquences en termes de mortalité et morbidité – d’un ordre de grandeur bien plus important que les conséquences, pourtant graves, du Covid-19 (dernière contribution sur ce thème dans notre journal, celle des confrères Jaccard et Hag­nauer [1]).
Le 23 février, dans son émission matinale d’informations, la radio romande «La Première» diffusait une séquence sur la demande de personnalités scientifiques, dont Marcel Tanner, président des Académies suisses des sciences, pour la création d’une «Task force climat et biodiversité» sur le modèle de celle chargée de conseiller le gouvernement à propos du Covid-19. Cette dernière fait l’objet de critiques, certains milieux estimant qu’elle est trop prudente et qu’elle privilégie les aspects sanitaires par rapport à la reprise de l’économie. Toutefois, dans l’ensemble elle fait certainement son travail et, dans tous les cas, son rôle n’est pas facile, celui du Conseil fédéral encore moins.
Les enjeux liés au climat et à l’environnement sont majeurs et l’idée d’une Task force «dédiée» est intéressante, pour assurer une approche structurée et coordonnée des problè­mes. Ses promoteurs soulignent que son rôle serait strictement de fournir des avis scientifiques et qu’elle ne saurait être dotée de pouvoirs opérationnels (comme établir des prescriptions par ex.). Elle ne devrait pas non plus faire preuve d’activisme militant pour éviter le risque d’une orientation qu’on pourrait dire «Gouvernement par les experts» ou «République des Sages»... Cependant, il serait bon que son mandat inclue d’examiner les effets en termes climat/biodiversité des projets de lois mis en consultation par le Conseil fédéral – tout comme sont évaluées systématiquement leurs conséquences financières.
Soutien bienvenu: dans un communiqué de presse du 22 février, la Commission de gestion du Conseil des Etats demande que le Conseil fédéral renforce sans délai les mesures de ­protection de la biodiversité, ce qui a été fait jusqu’ici demeurant insuffisant [2].
Pour ma part, j’ai eu le privilège de faire partie de deux instances comparables à une task force: la Commission fédérale sida dans les années 1980–1990 et la Commission fédérale pour la médecine humaine, créée en 2003. Notre rôle, là aussi, était de conseiller, mais on peut dire que les rapports et recommandations de ces commissions ont joué un rôle ­significatif; en procédant à des évaluations ­interdisciplinaires sur des thèmes sociétaux, en clarifiant les enjeux, en développant une vision à moyen et si possible long terme. Sans doute aucun, sur les questions liées au climat, mettre sur pied une telle instance ne serait pas un mauvais usage de quelques ressources.