Non à la victimisation et à la politisation

Briefe / Mitteilungen
Édition
2020/44
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2020.19328
Bull Med Suisses. 2020;101(44):1462

Publié le 27.10.2020

Non à la victimisation et à la ­politisation

On nous propose une réflexion sur l’«epistemic injustice», à propos du «pouvoir des ­définitions», en parlant successivement de vulnérabilité, de ceux qui la définissent, de l’iniquité qui en résulte avec un raccourci très politique, et pour finir de l’injustice, dont on ne sait si elle est objective ou simplement ressentie. Raccourci rapide qui ne s’embarrasse pas de définitions complètes et discutées (et pourtant…). Nul ne conteste que les décisions politiques en début de crise ont été émises en fonction d’une catégorisation simple, tenant compte des connaissances d’alors et des nécessités économiques (retraite ou pas), de la capacité des hôpitaux, et peut-être trop tardive en raison du manque d’anticipation et de compétences scientifiques suffisantes, dans un climat de grande incertitude épidémiologique. La saga du port du masque a montré la naïveté de la Suisse! Ce que je déplore, sans ­jamais rejeter la nécessité a posteriori de la réflexion sur les conséquences de ces décisions, est l’aspect «grêle après la vendange». Et ­surtout le mouvement de victimisation, travers tellement valorisé et narcissique, qui touche ceux qui ont dû payer (en fait tout le monde!), et sans distanciation suffisante sur notre triste sort. Des gens sont morts, même trop dans les EMS, et cela recommence. Les vieux (dont je suis) ont appris et se sont disciplinés, mais les plus jeunes s’en fichent à nouveau et les contaminations reprennent, alors que les moyens simples proposés ont montré leur grande efficacité. Pour citer Cicéron, «usque tandem, civis, abutere patientia nostra»?