La paille et la poutre

Briefe / Mitteilungen
Édition
2020/11
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2020.18735
Bull Med Suisses. 2020;101(11):370

Publié le 10.03.2020

La paille et la poutre

La condamnation de l’avortement sexo-sélectif par l’Association Médicale Mondiale sous l’impulsion de la FMH (Bulletin des Médecins Suisses du 12.2.2020) est une bonne nouvelle et ne peut être qu’approuvée. Néanmoins, cela pourrait être aussi l’occasion de réfléchir à ce qui se fait chez nous et oser quelques comparaisons.
Chez nous, l’avortement est autorisé sans indication médicale si la femme enceinte fait état d’une détresse causée par une grossesse inopportune ce qui amène les questions suivantes:
– La détresse du couple et de la femme ­porteuse d’un embryon féminin en Chine, en Inde, au Vietnam ou en Arménie est-elle moindre que celle du couple ou de la femme enceinte d’un enfant indésirable dans nos pays occidentaux?
– Les motifs financiers, sociaux et culturels qui font considérer un enfant à naître comme indésirable sont-ils plus valables chez nous que chez eux?
– La discrimination qui conduit à avorter les fœtus trisomiques ou conçus «accidentellement» est-elle irréprochable?
L’avortement sexo-sélectif a de toute évidence des «conséquences démographiques dévastatrices» mais, dans nos pays victimes de l’hiver démographique, celles de l’avortement en ­général ne le seraient-elles pas tout autant?
Dans le Bulletin des Médecins Suisses, l’avortement sexo-sélectif n’est pas dénommé «IVG» mais «mise à mort intentionnelle de fœtus féminin». Cette dénomination quoique brutale est tout à fait adéquate mais alors pourquoi ne pas vouloir préserver tous les ­fœtus de cette «mise à mort intentionnelle» quels que soient leur genre, race ou nationalité? Ou bien faut-il penser que c’est l’appartenance au genre féminin qui confère le droit à la vie et non pas l’appartenance au genre humain, attitude pour le moins étrange et peu cohérente.
«Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil?»