Société Suisse de Psychanalyse

100e anniversaire de la SSPsa

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Édition
2019/35
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2019.18122
Bull Med Suisses. 2019;100(35):1157

Affiliations
Dr méd. FMH, SSPsa, Comité d’organisation du jubilé

Publié le 27.08.2019

Dès ses débuts, la psychanalyse a entretenu un rapport particulier avec l’histoire. En cherchant à l’ins­tituer comme nouvelle science et nouvelle pratique, Freud en a proposé une représentation historique, notamment dans «Sur l’histoire du mouvement psych­analytique» en 1914. Il s’est ainsi porté garant de cette nouvelle science et de son histoire. Pendant longtemps, les traces de l’histoire de la psychanalyse et de ses archives étaient exclusivement aux mains de ses successeurs directs et, par conséquent, inaccessibles aux historiens. Les polémiques autour de l’ouverture des ­archives en témoignent. L’histoire de la psych­analyse ­a été écrite par les psychanalystes eux-mêmes, principalement sous forme de biographies (p.ex. E. Jones «Sigmund Freund, Vie et Œuvre», 1953/1960). Pour sortir de ce cercle autoréférentiel, une ­approche pluridisciplinaire de l’histoire de la psych­analyse a été nécessaire. Après le psychiatre canado­-suisse H. Ellenberger, historien culturel de la médecine («The Discovery of the Inconscious – The History and Evolution of Dynamic Psychiatry», 1970), d’autres chercheurs non-analystes ont replacé l’histoire de la psychanalyse dans son contexte politique, social, culturel et scien­tifique.
La psychanalyse est née à une époque de changement culturel et politique, dans laquelle la connaissance de l’humain et de son psychisme a également vécu un tournant. La Suisse, et Zurich en particulier, était à l’époque une plaque tournante européenne et un creuset d’idées théoriques, culturelles et politiques en tout genre. Le mouvement psychanalytique a ainsi trouvé un terrain fertile dans la Suisse multiculturelle et plurilingue.

L’essentiel en bref

• Fondée à Zurich le 21.3.1919, la Société suisse de psychanalyse fêtera son anniversaire les 21./22.9.2019 dans le cadre d’un symposium international et interdisciplinaire au Kunsthaus de Zurich.
• Le colloque se propose de porter un regard critique sur l’histoire mouvementée de la SSPsa et sur le développement de la psychanalyse en Suisse.
• Les orateurs principaux sont D. Bürgin, E. Falzeder et G. Makari.
• Le 20.9.2019 se tiendra la représentation théâtrale «Que se ­va-t-il se passer si mes Zurichois m’abandonnent?». Cette pièce met en scène le mouvement psychanalytique à la lumière de la correspondance de ­Sigmund Freud avec Eugen Bleuler, Oskar Pfister et Lou Andreas-­Salomé, avec la participation de Graziella Rossi, Helmut Vogel et André Desponds.
• Plus d’informations sur www.100.psychoanalyse.ch
L’histoire de la SSPsa trouve sa source dans la rencontre entre Freud, E. Bleuler, alors directeur de la clinique Burghölzli, C. G. Jung et d’autres Suisses intéressés par les théories de l’inconscient (T. Flournoy et E. Claparède à Genève). Cet échange scientifique dynamique a conduit à la création de la «Gesellschaft für Freudsche Forschungen» (1907 E. Bleuler), puis de la «Ortsgruppe Zürich» de la «Internationale Psychoanalytische Ver­einigung». C. G. Jung a été élu premier président de l’IPV en 1910.
Suite au conflit entre Freud et Jung, ce dernier démissionna de son poste de président de l’IPV en 1914 et fonda son propre groupe. Les Suisses qui s’opposaient à Jung (E. Oberholzer, M. Ginsburg, O. Pfister, H. Rorschach, H. Zulliger, etc.) ont fondé la «Société Suisse de Psychanalyse», la SSPsa, le 21 mars 1919 sous le regard sceptique des représentants de l’IPV (E. Jones, H. Sachs, O. Rank). La «Société psychanalytique de Genève» (E. Claparède, R. de Saussure, C. Odier, H. Flournoy, J. Piaget, S. Spielrein, etc.), fondée en 1920 sans reconnaissance par l’IPV/API (Association Internationale de Psych­analyse), a existé pendant une courte période avant son adhésion à la Société Suisse de Psychanalyse.
Les premières années de la SSPsa sous la présidence d’E. Oberholzer (1919–1928) ont été marquées par différents conflits. Après son départ, les relations avec l’IPV se sont apaisées sous la présidence de P. Sarasin et les Congrès internationaux de 1934 (Lucerne) et 1949 ­(Zurich) ont été confiés à la Société Suisse. Le Congrès de 1949 a été le premier après la Seconde Guerre mondiale, l’Holocauste et la mort de Freud en 1939.
En 1977, des controverses au sein du Centre de formation de Zurich ont conduit à l’exclusion du Séminaire psychanalytique de Zurich de la SSPsa/API. Depuis lors, le centre zurichois s’appelle le «Freud Institut Zurich». Aujourd’hui, la SSPsa se compose au total de six centres de formation régionaux (Bâle, Berne, Genève, Lausanne, Lugano et Zurich).
Pour célébrer le 100e anniversaire de la SSPsa, un symposium international et interdisciplinaire aura lieu au Kunsthaus de Zurich les 21 et 22 septembre 2019.
Si la psychanalyse a influencé la pensée et la culture occidentales depuis le début du siècle dernier, son impact est d’autant plus grand sur la médecine et, plus particulièrement, la psychiatrie. Ce colloque s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des mouvements et des concepts qui ont contribué au développement de la théorie et de la pratique dans le traitement de la souffrance mentale.
zlot[at]bluewin.ch