Début d’année – Miettes interpelantes

Horizonte
Édition
2019/06
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2019.17469
Bull Med Suisses. 2019;100(06):187-188

Affiliations
Dr méd., membre de la rédaction

Publié le 06.02.2019

De longue date, je collectionne citations et formules, en vrac, au gré de choses lues, vues, entendues. Elles passent dans une fourre ad hoc: coupures de journaux, photocopies, notes prises lors d’une conférence... Des phrases qui pour une raison ou l’autre ont retenu mon attention, m’ont fait rire. Je me suis replongé pendant les fêtes dans cet épais «dossier» à l’ancienne.
D’abord, à propos de vœux de saison: «Soyez toujours en guerre avec vos vices, en paix avec vos voisins, et que chaque Nouvel-An vous trouve une meilleure personne.» (Benjamin Franklin)
«Les bonnes résolutions sont des chèques que les hommes tirent sur une banque où ils n’ont pas de compte.» (Oscar Wilde)

Vivre, agir, aimer

«Il ne faut pas vouloir être au-dessus des choses, il faut être dedans.» (Charles-Ferdinand Ramuz)
«Sans les rochers, on sait bien que les vagues ne monteraient jamais aussi haut.» (Roger Nimier)
«L’idéal est pour nous ce qu’est une étoile pour le marin. Il ne peut être atteint mais il demeure un guide.» (Albert Schweitzer)
«Il y a une infinité de choses où le moins mal est le meilleur.» (Montesquieu)
«‘Penser suisse’, expression suspecte. On ne pense ni suisse ni samoyède: on pense tout court ou on ne pense pas.» (André Bonnard)
«Sur quelque préférence une estime se fonde, et c’est n’estimer rien qu’estimer tout le monde.» (Molière)
«Les gens ont l’impression que je vois toujours le bien dans les gens. C’est une critique que je prends en compte mais je pense que c’est une faiblesse profitable.» (Nelson Mandela)
«Je ne suis pas complète, je ne connais pas la haine.»
(la comédienne Arletty)
«Aimer, ce verbe où le présent est toujours imparfait, 
le passé jamais simple et le futur toujours conditionnel»…

Notre monde aujourd’hui

Sur un mode désabusé, l’inévitable Woody Allen: «L’humanité est à un croisement: un chemin mène au dés­espoir, l’autre à l’extinction. Espérons que nous aurons la sagesse de savoir choisir.»
«Aucune société n’est foncièrement bonne, mais aucune n’est absolument mauvaise.» (Claude Lévi-Strauss)
«La preuve du pire, c’est la foule.» (Sénèque)
«L’homme est un risque à courir.» (Kofi Annan)
«La Terre, jadis notre mère, est devenue notre fille – à savoir, vulnérable.» (Michel Serres)
En rapport avec les préoccupations de durabilité de la vie sur terre: «Pour éviter une ère de la colère, il faut que les bienfaits de la mondialisation soient partagés par tous et non plus par quelques-uns.» (Christine Lagarde, directrice du FMI, décembre 2018)
«Il y a plus d’une sagesse, et toutes sont nécessaires au monde; il n’est pas mauvais qu’elles alternent.» (Marguerite Yourcenar)
«Ce qui n’est point utile à l’essaim n’est point utile à l’abeille.» (Montesquieu)
«Les primevères et les paysages ont un défaut grave, ils sont gratuits.» (Aldous Huxley)
«Notre seule certitude aujourd’hui, c’est que nous ne pouvons en avoir aucune. Pourtant il est de notre responsabilité d’avertir nos descendants.» (Henning Mankell)

Au soir de la vie

«Il est difficile d’être plus détaché de la vie que je ne suis à présent» a dit le philosophe écossais du XVIIIe siècle David Hume. Quant à moi (J.M.), je m’approche de cette sérénité mais ne suis pas encore pressé. Toutefois:
«Tout alpiniste fait un jour sa dernière ascension. Rare est celui qui le sait. Certains, un jour, posent leur sac au garage, persuadés de le refaire très vite. Puis il pleut. Puis il y a la vraie vie. Et ils n’iront plus jamais là-haut» (du livre d’un montagnard). J’ai des pensées de ce registre, par exemple à la Gare de Lausanne (!) où je suis arrivé, puis en suis reparti, des milliers de fois depuis quelque 70 ans: une fois ce sera la dernière (mais je ne le saurai probablement pas).
«Vieillir c’est comme une course en montagne, plus on gagne de l’altitude, plus les forces s’amenuisent, mais plus loin porte le regard.» (Ingmar Bergman)
«C’est à cause que tout doit finir que tout est si beau.» (C.-F. Ramuz)

Et encore

«Donner plus d’espace à l’accessoire»
Du poète Christian Bobin: «On peut fort bien, par temps clair, entrevoir Dieu sur le visage du premier venu. C’est aussi simple que cela.»
Et du religieux Michel Quoist: «Si la note disait: ce n’est pas une note qui fait une musique, il n’y aurait pas de symphonie – Si le mot disait: ce n’est pas un mot qui peut faire une page, il n’y aurait pas de livre – Si la pierre disait: ce n’est pas une pierre qui peut monter un mur, il n’y aurait pas de maison.» A rapprocher du colibri de Pierre Rabhi, qui apporte sa goutte d’eau pour combattre un grand incendie. Nous pouvons tou-tes faire quelque chose, notre part.
jean.martin[at]saez.ch