Bravo!

Briefe / Mitteilungen
Édition
2018/36
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2018.17080
Bull Med Suisses. 2018;99(36):1173-1174

Publié le 05.09.2018

Bravo!

Cher Confrère Martin, 
Chers Collègues et Consœurs,
Bravo à mon Confrère Jean Martin pour son excellente Tribune du BMS. Voilà un collègue engagé qui a le courage d’appeler un chat, un chat, d’éviter la langue de bois, le politiquement correct, la pensée unique, le credo du toujours plus.
Il dénonce avec raison la frilosité du monde politique, la mauvaise foi de ceux qui font commerce de produits ou marchandises délétères pour la santé des enfants qui seront (on l’oublie trop souvent), la société de demain.
Les Associations d’aide à la jeunesse, qui se sont multipliées en 40 ans (n’est-ce pas un ­signal d’alerte?) auraient moins de travail à «détricoter» les mauvaises habitudes prises déjà dans l’enfance, par la malbouffe, l’addiction aux jeux, à toutes les substances que s’évertuent à mettre en vente (avec toujours un «coup d’avance» sur la législation) les «Marchands de maladies». Elles ne pèsent, ­hélas, pas lourd face aux moyens illimités de Coca Cola, Marlboro, Nestlé... pour inonder le monde de produits délétères à la santé.
La première déviance de l’humain est la cupidité, (l’instinct d’épargne nécessaire à nos ­ancêtres s’est perverti en thésaurisation) dans une civilisation devenue celle du profit à n’importe quel prix, fût-ce à celui de formater une génération d’adultes dépendants tous azimuts. Quel gâchis humain! Pour le profit, on a mis sur le marché le tabac, dont on sait pourtant depuis 50 ans qu’il engendre dans des proportions effarantes cancers, maladies cardiovasculaires etc. On a mis sur le marché des quantités illimitées d’alcool, sans vrai contrôle sur la vente aux mineurs. Les chanvristes béotiens s’agitent sans vergogne pour dépénaliser le cannabis.
La deuxième déviance serait l’ignorance (Souvent feinte) des milieux économiques et politiques. L’ignorance est bien réelle, lorsqu’en qualité de médecin scolaire, je devais expliquer en commission de santé communale les effets réels du sucre, du tabac, des «inoffensifs» joints récréatifs. J’ai dû me battre pour obtenir, dans ma commune, l’interdiction de panneaux géants du cow-boy Marlboro.
L’argument classique était: «les gens sont adultes et responsables… on ne peut pas tout interdire…» Que dire alors de la connaissance et du libre arbitre des enfants et des ados?
La mauvaise foi a encore de longs jours devant elle! Les politiciens ne sont que rarement scientifiques ou encore moins biologistes. Il’s évoluent avec aisance dans les milieux économiques et ne sont donc pas éclairés dans leurs décisions, là où prime le rendement, le chiffre, la ...prospérité. Mais pour qui? Pour faire des «affaires, du business» nouvelle religion, tout est permis.
Alors, on y sacrifie probablement son ethique et, ce qui est plus grave, l’âme et l’avenir de nos jeunes. L’éthique, le grand oublié de notre monde mercantile, où tout n’est mesuré qu’en quantité, en gain, en courbe ascendante obligatoire… le «progrès» quoi!
L’éthique oubliée de nos universités (St Gall, sciences économiques, médecine y comprise). Les lobbies ne reculent devant rien en ce que Jean Martin dénonce chez eux. Les lobbies empoisonnent nos parlements par leurs dénégations des dégâts causés «en influençant et s’opposant à la protection de la santé, allant jusqu’à infiltrer les milieux universitaires, l’OMS…» par des études fallacieuses ou truquées.
Il serait temps que l’éthique soit à nouveau enseignée dans les écoles secondaires et surtout les universités, pour retrouver la boussole perdue dans le mercantilisme, et surtout pour revenir à l’essentiel, c’est à dire l’humanisme.