Campagne de l’ASMAC

«Plus de médecine et moins de bureaucratie! » – constructif et concret

Organisationen der Ärzteschaft
Édition
2018/34
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2018.17026
Bull Med Suisses. 2018;99(34):1097-1098

Affiliations
lic. phil. hist., Responsable politique et communication / directeur adjoint de l’ASMAC

Publié le 22.08.2018

La deuxième vague de la campagne de l’ASMAC «Plus de médecine et moins de bureaucratie!» approche. Sous le slogan «constructif et concret», les exemples ­tirés de la pratique montrent comment l’on peut réduire la charge administrative des médecins hospitaliers. De plus, un nouveau site web thématique sera bientôt mis en ligne. Enfin, l’ASMAC va aller frapper aux portes du Palais fédéral.
Il y a exactement une année, l’ASMAC a lancé la campagne «Plus de médecine et moins de bureaucratie!». Dans un premier temps, elle s’est adressée aux directions des hôpitaux et établissements de formation postgraduée. L’objectif était de les sensibiliser sur le ­sujet. Avec une pincée d’humour, un jeu de l’échelle ­illustrait les obstacles bureaucratiques rencontrés par les médecins sur leur chemin au chevet du malade. De plus, une brochure présentait les solutions possibles pour réduire la part des tâches administratives des médecins, au bénéfice direct des patientes et des patients. Car moins d’administration signifie moins de coûts.
On reconnaît immédiatement la suite de la campagne de l’ASMAC. Elle s’appuie sur les figures et illustrations de la première vague, telles qu’elles ont été utilisées, entre autres, pour le jeu de l’échelle.
La suite s’attaque maintenant aux solutions. «Sur la base d’un sondage effectué auprès de nos sections, nous avons choisi trois hôpitaux pour montrer de ­façon concrète que l’on peut faire quelque chose», ­explique la présidente de l’ASMAC Anja Zyska. Sur le terrain, il y a différentes approches possibles. «C’est pourquoi nous présentons ces trois exemples pour lancer la deuxième vague de la campagne; à titre représentatif pour bien d’autres qui existent très certainement ailleurs.» On se réjouit de recevoir d’autres retours, «car nous voulons dans un deuxième temps élargir le catalogue des mesures possibles et déjà réalisées, et les propager», déclare Anja Zyska.

Hôpital du Jura: tout le monde est gagnant

Le premier exemple vient du Jura. Stimulé par la campagne, un groupe de travail a été établi à l’hôpital ­cantonal avec la section ASMAC locale sur le thème «Plus de médecine et moins de bureaucratie!». Un ­premier essai est actuellement en cours: le secrétariat du département de médecine interne a été réorganisé pour que ses collaborateurs puissent assumer des tâches supplémentaires et ainsi décharger les médecins. «Par exemple pour les textes dictés», précise Thierry Charmillot, directeur général de l’hôpital. «L’assistante vérifie les rapports médicaux dictés. Si nécessaire, elle appelle le médecin de famille de la patiente pour obtenir des informations complémentaires sur le traitement effectué jusqu’ici.»
L’Hôpital du Jura propose chaque année environ 
55 places de formation postgraduée en médecine interne. Récemment, il s’est vu décerner la Rose d’hôpital par l’ASMAC, notamment pour ce groupe de travail. Thierry Charmillot rappelle cependant que les conditions-cadres financières sont difficiles pour réaliser des améliorations. Mais tout le monde profite des changements: «Nos jeunes médecins sont déchargés de contraintes et les collaborateurs du secrétariat peuvent assumer de nouvelles tâches intéressantes.»

Hôpital de Thoune: «reduce to the max»

Passons dans le canton de Berne, à l’hôpital de Thoune. Là-bas, la charge administrative des médecins figure depuis un certain temps déjà sur l’agenda, notamment dans le service de médecine. Un groupe de travail intitulé «reduce to the max» est en charge du sujet. Il est composé de la direction du service de médecine (deux médecins adjoints) ainsi que de deux représentants des médecins-assistants. Suivant le contexte, le médecin-chef Armin Stucki et son suppléant participent aux travaux. «Nous récoltons régulièrement des propositions d’amélioration auprès des médecins-assistants et regardons ensemble si elles peuvent être réalisées ou pas», explique Armin Stucki. «Par ailleurs, nous avons décidé de soumettre les mesures prises à un examen régulier.»
Le médecin-chef décrit un exemple qui a fait ses preuves dans la pratique: si une médecin-assistante doit demander des documents à l’extérieur, elle peut désormais se les faire envoyer par e-mail au secrétariat. Là-bas, les documents sont directement enregistrés dans le système informatique du service. «Il n’y a plus de détour par la médecin et celle-ci gagne un temps précieux pour son travail à proprement parler.»
Le suivi des patients est un autre domaine pour lequel le service de médecine dispose de coaches spécialement formés. Il s’agit d’infirmières diplômées qui planifient à temps la sortie du patient, coordonnent les entretiens et assurent le flux des informations. L’objectif est d’optimiser les interfaces entre médecin, soins et patient. Armin Stucki ajoute «qu’il est important que les coaches soient dans le même service que les médecins-assistants. Cela garantit un contact et un échange étroits, aussi lors de la visite du médecin-chef et des décisions correspondantes.» De plus, le service organise des cercles de qualité pour traiter des projets de façon interdisciplinaire et les présenter à tous les collaborateurs. On citera par exemple la simplification des ordonnances et la saisie des médicaments lors de l’entrée à l’hôpital.

Hôpital de Thusis: halte aux travaux chronophages

A l’hôpital de Thusis dans les Grisons, on a analysé avec le soutien d’une entreprise externe les temps de passage pour l’établissement des rapports en chirurgie et en gynécologie et obstétrique. «Le secrétariat médical avec trois collaboratrices à temps partiel rédige chaque année plus de 13 000 rapports, c’est-à-dire ­environ 20 par personne et par jour», explique Reto Keller, directeur de l’hôpital. Dans le cadre de l’analyse, les innombrables interfaces, les fréquentes demandes de précisions et les autorisations, contrôles et corrections ont été frappants. Ainsi, l’établissement d’un rapport de sortie jusqu’à sa libération a pris 13,5 jours – sa rédaction seulement 40 minutes.
«Nous avons donc fait visualiser les cheminements, enregistrer les flux d’informations, compter les effectifs et observer les évènements», raconte Reto Keller. «Pour les changements, nous avons tenu à ce que le tout ne se transforme pas en projet informatique. A part le renouvellement ou la numérisation des dictaphones, nous ne voulions pas introduire de nouveaux systèmes, mais utiliser plus efficacement l’infrastructure disponible.» Pour gagner du temps, les dérou­lements ont été simplifiés et le nombre d’interfaces ­réduit.

Témoigner des expériences positives

On en saura plus sur les trois cas présentés dès la mi-septembre sur le nouveau site web de la campagne. «Le site de l’association sera probablement entièrement remanié l’année prochaine», explique la présidente de l’ASMAC Anja Zyska. «Mais nous voulons dès à présent donner plus de poids à la campagne et témoigner des expériences positives.»
Dans ce contexte, elle pense aussi à l’action de l’ASMAC prévue pendant la session d’automne au Palais fédéral. Elle garde toutefois le silence sur les détails de l’opé­ration, mais divulgue que l’action veut montrer aux parlementaires la problématique à l’aide d’exemples ­tirés de la pratique. «Car eux aussi peuvent être victimes des conséquences négatives de la bureaucratisation à outrance au détriment du temps consacré aux patientes et patients.»
Pour l’ensemble des activités prévues pendant la deuxième vague de la campagne, l’ASMAC examinera les possibilités de collaborer avec d’autres organisations du domaine de la santé. Car constructif signifie aussi de coopérer avec des partenaires là où cela est judicieux. Des accords de principe ont déjà été pris à ce sujet.
ASMAC
Bollwerk 10
Case postale
CH-3001 Berne
Tél. 031 350 44 82 (direct)
marti[at]vsao.ch