Réplique à la lettre précédente et aux cinq lettres suivantes
Il est rassurant de constater que le sujet motive les lecteurs, à tout le moins les représentants des organisations d’assistance au suicide et leurs sympathisants. Le simple fait d’avoir ouvert un débat est positif, même si
les émotions sont parfois au premier plan. De manière intéressante, à une exception près les nombreux témoignages de soutien que nous avons reçu par e-mail, émanant de confrères tels que généralistes, oncologues, palliativistes ou psychiatres, n’ont pas fait l’objet de courriers des lecteurs. Manifestement, la majorité silencieuse ne ressent pas la même urgence que les organisations d’aide au suicide de porter sa parole au plus grand nombre.
Aucune des critiques formulées en réponse à notre article ne répond toutefois à la question centrale, lancinante, posée par les directives de l’ASSM révisées: comment peut-on, sans ambiguïté coupable, clamer la suprématie du principe d’autonomie – «Le caractère insupportable de la souffrance ne peut être défini que par le souffrant lui-même et ne peut lui être attribué par d’autres personnes» (directives de l’ASSM révisées, p. 11) – pour ensuite conclure que le médecin reste juge ultime du caractère «acceptable» de la demande du souffrant (directives de l’ASSM révisées, p. 26).
La même idée est exprimée de façon limpide dans le courrier du Docteur Pierre Beck, vice-président d’Exit A.D.M.D.: «Cette souffrance est mesurable par le patient seulement, mais c’est la tâche du médecin-conseil d’EXIT de l’examiner par rapport au dossier médical qui lui est fourni et de refuser la demande s’il doute.» Vous avez bien lu: dans cette situation, le médecin-conseil d’Exit, désormais libéré de tout critère objectif, décide seul de la vie ou de la mort du patient. Nous pensons que le pouvoir conféré en pareil cas au médecin – qu’il soit affilié à une organisation d’assistance au suicide ou agisse en qualité de médecin traitant – est démesuré. C’est pourquoi nous estimons approprié que la déontologie médicale prévoie des critères objectifs limitant le pouvoir du médecin.
Quant aux attaques personnelles basées sur
la biographie des auteurs, elles n’appellent aucune réponse. Ceux qui nous connaissent, ou ont pris la peine de se renseigner, savent pertinemment que Bertrand Kiefer s’est distancé depuis des décennies de la doctrine catholique en matière de bioéthique et que Philippe Ducor, issu d’une famille protestante réfugiée il y a bien longtemps à Genève, n’a pas la réputation de souscrire aux thèses papistes!
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