TARCO : dernière possibilité d’éviter les aberrations de la deuxième révision tarifaire du conseil fédéral

Briefe / Mitteilungen
Édition
2018/09
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2018.06500
Bull Med Suisses. 2018;99(09):270-271

Publié le 28.02.2018

TARCO: dernière possibilité d’éviter les aberrations de la deuxième révision tarifaire du Conseil fédéral

Chers Collègues médecins de premier recours,
Maintenant que la deuxième révision tarifaire du Conseil fédéral est en vigueur depuis quelques semaines, les moins informés d’entre nous réalisent enfin les effets des limitations du temps de consultation, de visites, de téléphones et de prestations en l’absence du patient, que les politiciens et assureurs ont réussi à imposer, constituant une atteinte grave à notre liberté de pratique, en nous enlevant le pouvoir d’accorder tout le temps et l’attention nécessaires à certaines situations particulières. Les plus informés ou les plus expéditifs essaient de trouver des solutions pour «faire avec» et, ce faisant, deviennent immédiatement suspects aux yeux des médias, et les plus scrupuleux donnent de leur temps gratuitement… en fait chacun de nous devra «faire avec», donner du temps gratuit ou ne traiter qu’un, voire deux problèmes à la fois et faire revenir les gens.
Les patients commencent à se rendre compte des risques et de l’inconfort que génèrent les limites imposées et commencent déjà à manifester leur mécontentement de ne pas avoir été informés correctement. Les médias commencent seulement à s’en émouvoir. C’est bien tard! Nous en sommes responsables. C’est précisément ce qui aurait dû nous motiver à manifester notre désapprobation tous azimuts, y compris sur la Place fédérale comme j’en faisais la suggestion, en vain, dans le BMS du 20 septembre 2017 [1], dans l’espoir d’alerter les médias avant que M. Berset ne présente son projet final.
Les responsables des diverses associations de médecine de premier recours ont décidé qu’il était inutile ou dangereux d’élever la voix contre cette révision, certainement bridés en cela par les adaptations tarifaires du Conseil fédéral en faveur de la médecine de premier recours ces dernières années, y compris dans cette deuxième révision. Ils ont considéré que ces limitations n’étaient pas importantes pour eux, sans considérer qu’elles pouvaient l’être pour les patients, sans prendre garde au fait que c’est une atteinte au fondement même de notre pratique. Dans un journal télévisé de la RTS il y a quelques semaines, une patiente exprimait avec beaucoup de clairvoyance que le médecin devrait pouvoir décider librement, sans restriction, du temps nécessaire à accorder à des situations particulières.
Gageons que les assureurs, même s’ils ne sont finalement eux-mêmes pas convaincus du tout du potentiel d’économie de telles mesures, feront pression pour imposer ces mêmes limites au cours des négociations qui vont avoir lieu tout prochainement dans le cadre de la révision TARCO. J’espère que cette fois-ci la FMH, avec l’appui des diverses sociétés de médecine de premier recours, saisira cette ultime opportunité de combattre fermement toute limitation de ces positions de médecine de base et toutes les nouvelles complications tarifaires arbitraires et inutiles en lien avec l’âge des patients. Il en va de notre crédibilité auprès de la population, du contrôle des contraintes administratives dans des limites acceptables et du maintien d’une saine pratique médicale.
1 Debétaz LF. Révision du Tarmed: allons en masse sur la place fédérale, et vite! Bull Méd Suisses. 2017;98(38):1218.