L’interprofessionnalité : des synergies centrées sur le patient

FMH
Édition
2018/06
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2018.06468
Bull Med Suisses. 2018;99(06):06468

Affiliations
Dr, membre du Comité central de la FMH, responsable du département Prestations et développement professionnel

Publié le 07.02.2018

Le nombre de patients souffrant de maladies chroniques augmente en Suisse de façon fulgurante. La prise en charge, souvent à domicile, des patients âgés et polymorbides est complexe. De nombreux professionnels de la santé apportent aux patients leurs hautes compétences. Cette synergie des différents acteurs de la santé autour du patient permet une amélioration évidente de la qualité des soins. L’Observatoire de la santé a, en 2015, estimé que ce groupe de patients engendre près de 80% des coûts de la santé.
Le 22 janvier 2018, la FMH a rejoint la Plateforme Interprofessionnalité dans les soins de santé primaires lors de son assemblée constitutive. C’est un important pas en avant et un signal fort. Il est essentiel que les différentes organisations professionnelles actives dans le domaine de la santé s’engagent pour promouvoir des soins interprofessionnels complets et de haute qualité. L’intérêt des patients et de la population est primordial. Les notions de collaboration, de coordination, de gestion et de développement des compétences de chaque organisation se devaient d’être rassemblées au sein d’une même entité qui puisse assurer une mise en réseau active des différents groupes professionnels impliqués. Cette action proactive dans les soins de santé primaires de la part de la FMH marque sa volonté affichée d’être un acteur dans cette approche novatrice.
Le travail en équipe, ce sont des échanges et une compréhension renforcée du travail des autres professionnels de la santé. Le but recherché est une amélioration de la coordination des soins et le partage de l’information et des données essentielles lors de la prise en charge en continu et intégrée par les différents professionnels de la santé. Des outils informatiques commencent à être mis en place comme par exemple à Genève grâce au travail de la Fondation Prism, le plan de soins partagé (PSP) et le plan de médication partagé (PMP), véritable interopérabilité, tout cela en protégeant la confidentialité des données. Les barrières et les clivages entre professions de la santé vont petit à petit disparaître pour laisser la place à un véritable travail en commun basé sur des synergies nouvelles et potentialisées. Ce réseau de communication et d’inter­action permettra une amélioration de la qualité des soins. Bien évidemment le respect des compétences respectives des acteurs de la santé, dans un cadre éthique défini, le rôle de chaque intervenant et la notion fondamentale de la responsabilité doivent être clairement établis.
Le patient doit être également un acteur dans la prise en charge de ses propres soins et cela dans un rapport de confiance grandement amélioré grâce à la présence des différents intervenants qui sauront chacun lui apporter leurs conseils professionnels. Il est temps de soutenir pleinement des projets novateurs de collaborations interprofessionnelles, mais également tout le pendant de la formation et de l’enseignement. Ces projets devront être suivis et analysés. Ainsi, la connaissance concrète de l’interprofessionnalité à travers des expériences diverses sur le terrain et centrées sur le patient polymorbide est capitale dans la prise en charge des besoins médicaux, psychologiques et sociaux de ces patients.
Alors que l’on parle de plus en plus des coûts de la santé, on peut se rendre compte que l’interprofessionnalité est une chance. Reste à trouver une volonté politique forte dans la recherche d’un modèle de financement qui puisse soutenir les équipes en soins coordonnés. La fragmentation des soins doit être combattue car elle implique des coûts élevés et une qualité des soins diminuée.