I. Cassis au Conseil Fédéral : les félicitations et espoirs de Jean Martin

Briefe / Mitteilungen
Édition
2017/42
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2017.06125
Bull Med Suisses. 2017;98(42):1363–1364

Publié le 18.10.2017

I. Cassis au Conseil fédéral: 
­les félicitations et espoirs de Jean Martin

Lettre concernant: Martin J. Lettre à Ignazio Cassis.
Bull Méd Suisses. 2017;98(39):1248.
Le jour même de son élection, le BMS publie dans son édition online une lettre d’un rédacteur adressée à son ami, exprimant la satisfaction du corps médical et l’assurant de son soutien. Ce message de félicitation ne cache pas les questions soulevées par la trajectoire du collègue honoré.
Le collègue du parti (PLR) regrette la «glissade à droite» et les «prises de position… trop néolibérales» de son ami. En refusant la Loi sur les produits du tabac, le groupe parlementaire du PLR s’est montré être «le serviteur des lobbyistes qui refusent dogmatiquement de limiter l’accès à des produits qui tuent dix mille Suisses chaque année». Et dans un espoir plein d’interrogations, il demande: «Nous montre­ras-tu dans les années qui viennent que tu n’es pas/plus leur ami ?... merci de ne pas oublier ta maison professionnelle, la santé, la médecine et les soins.»
En effet, il faut espérer qu’Ignazio Cassis, ­«après toutes les choses attendues» convenables, «sur lesquelles il faut insister pour être élu» assumera une position «d’homme d’Etat».
Car en fait, n’a-t-il pas déjà en 2001 quelque part quitté sa maison professionnelle en tant que président de Swiss Public Health, l’organisation qui malgré son nom n’a jamais pris publiquement position sur l’épidémie du tabac? Doit-on supposer qu’il ait adopté le langage d’Economie suisse et de l’Union suisse des arts et métiers pour être élu lorsqu’il s’adressait cette année aux professionnels de la santé [1] et aux médecins [2]? En déclarant: «Si, dans un Etat libéral, on interdisait tout ce qui est nocif pour la santé, il n’y aurait plus d’Etat libéral», il a mélangé intentionnellement l’interdiction d’un produit et l’interdiction de la publicité en faveur d’un produit toxique. Est-il possible que son appartenance au parti radical explique que, lors du débat consacré à la Loi sur les produits du tabac, I. Cassis, alors président de la Commission de Santé et membre du Groupe parlementaire traitant le dossier des maladies non transmissibles (MNTs), ait oublié de mentionner la Convention cadre de l’OMS sur le contrôle du tabac? (Convention que son collègue de parti, le Conseiller fédéral Couchepin a signé en 2004 et qui attend toujours d’être ratifiée par la Suisse.) Aurait-il momentanément échappé à celui qui est maintenant ministre de l’Extérieur que l’OMS a son siège en Suisse?
Manifestement ses collègues au Parlement ont élu l’homme le plus apte à représenter la population. A nous autres médecins qui sont aussi des citoyennes et citoyens, il reste à souhaiter avec Jean Martin que I. Cassis, dans sa fonction de Conseiller fédéral, contribuera de manière crédible à mener un débat sur la santé pragmatique, basé sur les connaissances et les faits, qui se situe au-delà d’une controverse politi­que stérile gauche-droite, un débat qui place le bien-être de la population au-dessus des intérêts particuliers d’une branche économi­que. Et au BMS et à sa rédaction nous souhaitons que leurs critiques fondées, sur la science médicale, l’aident et rappellent aux parlementaires leur devoir en matière de santé publi­que.
1 Ignazio Cassis: «La loi sur les produits du tabac ­(LPTaB)». Conférence aux collaborateurs et intéressés, Institut universitaire de Médecine sociale et Préventive (IUMSP). Lausanne, 25.4.2017.
2 Kesseli B: «C’est la démocratie». Interview avec Ignazi­o Cassis. BMS. 2016;97(47):1657–8.