Carrière Si l’amour peut souffrir du travail, la carrière peut aussi profiter d’un partenariat bien rodé. Le plus important étant d’entretenir la relation, ce qui demande du temps. Mais l’échec d’une relation coûte également du temps et de l’énergie, souligne notre auteur.
La carrière commence par le choix du partenaire», affirme la nouvelle responsable du personnel de Siemens dans un entretien accordé à la «NZZ am Sonntag» du 29 janvier 2023. Elle-même a choisi un partenaire qui a assumé toute la responsabilité de la famille, lui permettant ainsi de faire une carrière internationale. Une telle affirmation s’applique-t-elle également aux relations des médecins concernant leurs perspectives de carrière?
Une relation réussie ne va pas de soi. Comme un feu qui brûle, elle doit être entretenue avec soin tout au long de la vie. Si la relation réussit sur le long terme, elle libère de l’énergie pour d’autres choses de la vie – notamment pour le métier et la carrière. Il n’existe pas de recette concrète et simple pour réussir une relation car la manière dont deux individus différents se trouvent et s’épanouissent ensemble est différente dans chaque relation. Le choix du partenaire crée déjà, comme nous l’avons indiqué au début, des réalités claires qui limitent plus ou moins les autres possibilités de choix. Qui travaille principalement en télétravail est moins exigeant en termes de domicile et peut s’adapter avec davantage de flexibilité au lieu de travail de l’autre. Si la profession de l’un des partenaires implique une présence régulière dans une grande ville, le choix d’un petit hôpital de montagne comme lieu de travail pour l’autre devient un défi si l’on souhaite se retrouver le soir. Si l’un des deux souhaite travailler à l’étranger pendant deux ans pour approfondir ses connaissances et que l’autre n’y obtient pas de permis de travail, concrétiser le projet s’avère alors particulièrement difficile. Dans de telles constellations, le renoncement est inévitable et, à long terme, il est essentiel de concevoir les solutions de manière à ce qu’elles soient vécues comme équitables par les deux parties concernées. Il faut éviter que d’un côté, on entende: «À cause de toi, je dois toujours...!»
En début de carrière, beaucoup se focalisent sur leur évolution professionnelle et investissent énormément d’énergie dans leur métier. C’est compréhensible, mais induit le risque que d’autres choses soient négligées et que la relation se retrouve soudain confrontée à une crise existentielle. La gestion réussie d’une crise aussi importante requiert beaucoup d’énergie, qui manque alors ailleurs et peut ainsi fortement entraver l’évolution professionnelle. S’il est déjà trop tard et qu’un nouveau départ est nécessaire, il ne se fera pas non plus tout seul. Les différentes étapes de la séparation doivent être vécues. Il est également possible de s’épargner ces processus pénibles, les abréger, plonger tête baissée dans la prochaine relation et repartir à zéro avec une personne très aimante. On s’expose alors au risque important d’être rattrapé un jour par les mêmes sujets et modèles qui ont conduit à l’échec de la première relation. Réussies ou ratées, les relations requièrent du temps et de l’énergie et devraient aussi trouver leur place dans nos interminables journées. En termes d’évolution professionnelle, il est vrai que la relation et la carrière sont étroitement liées l’une à l’autre, et peuvent se renforcer mutuellement ou s’entraver négativement. C’est pourquoi il est recommandé d’investir dans les deux de la même manière afin de maintenir l’équilibre.
Concernant les «résultats à long terme», l’interaction entre carrière professionnelle et relation est très importante. Après la cessation de l’activité professionnelle, la relation et toute son histoire reviendront au premier plan. Si la relation est encore «ardente» et de qualité, elle constitue un bonus important pour la santé des personnes âgées. Un partenariat affectueux contribue largement à la salutogenèse des seniors puisqu’il favorise une vie plus longue en bonne santé.
Et l’influence des enfants sur la carrière? Ce sera le sujet de la prochaine chronique.
Dr méd. Jürg Unger
Jürg Unger a souvent été décrit comme un psychiatre atypique. Peut-être parce qu’il tient à la devise «les actes en disent plus que les mots». Il livre ici ses réflexions sur les questions de carrière.
