Personnalité de la semaine

Un départ précipité

News
Édition
2023/06
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2023.21529
Bull Med Suisses. 2023;103(06):11

Publié le 08.02.2023

USZ Il a été 23 ans à la tête de la clinique de chirurgie et transplantation de l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ). Ce chapitre a pris fin le 31 janvier pour le chirurgien genevois et valaisan à l’aura internationale, Prof. Pierre-Alain Clavien. Ce départ lui a été signifié sans préavis trois jours avant Noël, alors qu’il devait initier et tester un projet pilote: «Ma mission était de développer un système débuté il y a plus de 15 ans en créant 5 équipes spécialisées indépendantes avec une rotation pour la direction du département.» La raison de son renvoi reste obscure: «Elle tombe dans le domaine de la politique hospitalo-universitaire», dit l’intéressé de 65 ans. Le processus de mise au concours de sa succession a été subitement annulée en octobre pour un appel direct alors que «d’excellents chirurgiens» voulaient postuler. «J’ai exprimé mon opinion pour maintenir la mise au concours habituelle, ce qui n’a pas plu à tout le monde.»
Prof. Pierre-Alain Clavien
Ce départ brusque n’est pas sans conséquence: «Cela me met dans une situation difficile envers mes patients et mes équipes cliniques et scientifiques et compromet plusieurs projets», comme la «machine à réparer» les greffons avec l’institut Wyss. L’étude clinique de perfusion de greffons endommagés devra être réalisée à l’étranger. La première transplantation en 2021 utilisant un de ces greffons remonte à 2021. «Une première mondiale que nous avons publiée dans Nature après une année de suivi: le patient va très bien.»
À l’hôpital aussi, les inquiétudes sont grandes. «Le fait qu’une promesse écrite émanant du sommet de la hiérarchie administrative puisse être annulée du jour au lendemain ébranle la confiance de mes collègues.»
Malgré tout, il sait qu’il a transmis les clés de la clinique à «une équipe très compétente, qui devrait être capable de gérer cette situation». Celui qui s’est formé en chirurgie à Bâle et à Genève avant de se spécialiser au Canada et aux États-Unis ne garde pas de rancune envers l’USZ «qui [lui] a permis de développer beaucoup d’innovations, non seulement pour le bien des malades, mais aussi pour le futur.» Et d’ajouter: «Je pense surtout aux patients qui ont bénéficié d’opérations uniques et souvent à haut risque.» Il continuera son activité chirurgicale à la clinique Bethanien de Zurich.
En 2020, il a été nommé à la prestigieuse Académie de médecine des États-Unis, en tant que premier chirurgien étranger et premier médecin suisse. «Un très grand honneur!» Il laissera aussi un héritage avec la création «d’une vraie école de chirurgie, une grande satisfaction».