Le mot de la fin
Santé cognitive des 40+
L’année dernière, je suis entré dans le club des 50+ et j’en ai profité pour faire du tri. Ce faisant, je suis tombé sur un article entre deux âges, un peu comme moi, dont le contenu était des plus actuels. De nombreuses études semblent confirmer que le nombre d’heures de travail a un impact sur les performances cognitives. Le processus de récupération du cerveau prend plus d’importance avec l’âge. Les auteurs de cet article paru en 2016 émettent l’hypothèse qu’une semaine de travail de 25 à 30 heures à partir du mitan de la vie (aux environ de 40 ans) et pour les personnes plus âgées aurait des conséquences positives sur la cognition [1]. Il existe de petites différences entre les sexes que vous pourrez découvrir en lisant l’article si cela vous intéresse. Le saviez-vous, chères lectrices et chers lecteurs?
J’ai donc saisi l’occasion pour calculer mon horaire de travail hebdomadaire ces dernières années et en ai profité pour prendre le temps d’y réfléchir tout en sachant que cette étude ne s’appliquait pas entièrement à ma situation. Le résultat a été sans équivoque et m’a un peu inquiété. J’ai établi diverses statistiques et calculs en ligne, et découvert, pour autant que le résultat soit fiable, que l’année dernière, mon espérance de vie était encore de plus de 37 ans. Autrement dit, statistiquement parlant, je suis censé atteindre le bel âge de 87 ans. Pal mal, me suis-je dit, d’autant que ma grand-mère, qui a plus de 90 ans, vit encore chez elle en toute autonomie, ce que je me souhaiterais d’ailleurs aussi.


Daniel Schröpfer
Dr méd., Directeur du service médical de la ville de Zurich, membre de l’Advisory Board du Bulletin des médecins Suisses
Mais qu’adviendra-t-il de ma santé cognitive? Faut-il que je réduise mon temps de travail? Et de combien de pour cent? 40, 50%? Ces dernières années, je me suis un peu ruiné la santé, devrais-je lever le pied? Ou aurai-je malgré tout la chance de vieillir en limitant les dégâts au niveau cognitif? Mais que ferais-je de ces 40 à 50% de temps libre? En ce qui concerne le sport, j’ai mes limites, car pour l’heure je ne peux pas me permettre d’exercer une activité physique intensive (malgré mon abonnement). Comment maintenir mon niveau de vie actuel? Vais-je devoir remplacer le jardinier ou le peintre ou une autre personne, sans en avoir les compétences? J’ai bien appris à faire du béton, mais je doute que cela suffise.
Et comment réagirait mon employeur si je lui demandais, en pleine pénurie de personnel qualifié, de réduire mon temps de travail?
Sans oublier ma femme … est-ce que du coup je me mettrais à cuisiner et à faire le ménage tout le temps? Jusqu’à présent, nous nous partagions les tâches …
Les modifications sociétales voulues par mes jeunes collègues pour travailler au plus à 80% semblent justifiées si l’on se fie à l’étude précitée. Mais pourquoi donc notre système n’en tient-il pas compte? Les premières études à ce sujet datent pourtant des années 2000. Je suis conscient qu’il ne sera possible de penser autrement que lorsque la société et le système de prévoyance professionnelle et de retraite auront changé. Mais qu’attendons-nous pour le faire? Plus de 20 ans se sont écoulés depuis ces premiers résultats. Ne serait-il pas judicieux de faire en sorte que le transfert de connaissances ait lieu plus tôt pour que nous puissions former la relève? Nous arriverions peut-être ainsi à réduire les coûts des démences et de leur prise en charge institutionnelle pour l’ensemble de la société.
Chères lectrices, chers lecteurs, je vous invite à réfléchir à ce qui changerait dans votre vie personnelle et professionnelle en travaillant 30 heures par semaine.
Référence
1 S.Kajitani, C.McKenze ans K. Sakata. Use it too much and lose it? The effect of working hours on cognitive ability. Online: papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2737742#:~:text=For%20working%20hours%20up%20to,a%20negative%20impact%20on%20cognition.
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