Efficacité et efficience numériques

Schwerpunkt
Édition
2023/08
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2023.21466
Bull Med Suisses. 2023;104(08):72-73

Publié le 22.02.2023

Le temps La numérisation dans les cabinets médicaux offre des opportunités d’optimisation et d’amélioration de la qualité au quotidien. Il reste ainsi plus de temps pour les patientes et les patients du cabinet. Nous devons enfin nous pencher sur ce sujet en Suisse pour ne pas être dépassés au niveau international.
En comparaison internationale avec 17 pays, la Suisse se trouve à la 14e place (Digital Health Index de la fondation Bertelsman) [1]. Le niveau de numérisation du système de santé suisse n’est pas meilleur dans d’autres études de Deloitte [2] ou de «digitalswitzerland» [3]. Avec la pandémie, il est toutefois devenu clair pour tous en Suisse: le système de santé suisse doit devenir plus agile dans la numérisation et évoluer beaucoup plus rapidement. D’autres secteurs, comme le commerce de détail, les voyages ou les assurances, sont bien plus avancés dans ce domaine. Les plateformes et les écosystèmes numériques sont très bien établis depuis des années dans ces secteurs. Le travail a ainsi été massivement simplifié et fortement accéléré pour toutes les parties prenantes grâce à des processus de travail entièrement numériques - et de nombreuses sources d’erreurs liées aux étapes de travail humaines éliminées. Pourquoi la Suisse se trouve-t-elle toujours en queue de peloton des comparaisons internationales renommées en matière d’indice de santé numérique dans le secteur de la santé? Est-ce parce que nous sommes très subsidiaires et fédéralistes? Est-ce lié à notre démocratie directe, associé au risque de votations avec un potentiel de veto qui débouchent toujours sur un compromis suisse?
Portrait of successful doctor working on a laptop.
Les solutions numériques permettent d’optimiser les processus de travail quotidiens dans les cabinets médicaux.

Plus simple, plus sûre et interopérable

Autant de questions auxquelles il n’est pas facile de répondre. Une chose est claire: tous les acteurs du système de santé suisse devront à l’avenir fonctionner entre eux de manière plus simple, plus sûre et interopérable au niveau numérique. La Fédération des médecins suisses (FMH), mais également la politique européenne, réclament davantage d’interopérabilité, notamment avec de nouvelles lois concernant les services de messagerie. C’est exactement ce dont nous avons besoin dans le domaine sanitaire. L’open banking s’oriente déjà dans cette direction et tente de réduire les obstacles en utilisant des interfaces accessibles à tous comme pièce maîtresse. Il existe aujourd’hui déjà diverses normes internationales permettant un échange numérique standardisé et l’interopérabilité dans le secteur de la santé. Chaque acteur du système de santé suisse a tout intérêt à se connecter facilement aux autres.
Qu’est-ce que cela signifie pour les médecins qui pratiquent la médecine ambulatoire en Suisse? Nous savons qu’il existe plus de 70 systèmes d’information de cabinet médical (SIC) différents dans le pays. Comment la numérisation doit-elle s’effectuer? Chacun de ces systèmes sera-t-il connecté individuellement, une connexion au dossier électronique du patient (DEP) étant générée pour chaque SIC? Cela peut-il fonctionner? Et combien de temps prendra une intégration à l’échelle nationale de tous les systèmes informatiques liés à cet écosystème?

Les processus entièrement numérisés soulagent les collaborateurs

Lorsque j’ai demandé à mon médecin pourquoi je ne pouvais pas prendre de rendez-vous en ligne avec elle, elle m’a répondu: «Parce que j’ai reçu une offre de 19 000 francs pour la connexion à mon SIC. Savez-vous combien de patients dois-je examiner conformément au TARMED?» Cet exemple montre qu’il existe bel et bien un besoin en solutions numériques mais qu’il faut des solutions de systèmes informatiques simples et abordables pour qu’elles soient utilisées à grande échelle. Les médecins ne doivent pas avoir à se préoccuper de l’installation et de la sécurité de l’infrastructure du cabinet, des interfaces et des normes informatiques. Les applications doivent devenir plus conviviales, intuitives et interopérables. Les processus de travail du cabinet sont soutenus de manière à alléger le système de santé à l’échelle de la Suisse.

Check-list pour les cabinets médicaux ambulatoires

Soulagez l’accueil en recourant aux rendez-vous électroniques et aux admissions électroniques des patients.
Réduisez au minimum les opérations manuelles telles que l’impression et la numérisation.
Passez à un logiciel de cabinet moderne avec des fonctionnalités sophistiquées qui intègrent parfaitement les principales connexions numériques (laboratoire électronique, prise de rendez-vous électronique, transferts électroniques, collaboration électronique, Picture Archiving and Communication System (PACS), DEP, etc.)
Testez la possibilité de réaliser des consultations vidéo pour acquérir de l’expérience.
Contrôlez la compétence numérique de votre partenaire informatique. Vous avez besoin d’un partenaire fiable qui connaît le domaine de la santé.
Examinez des modèles de location pour éviter de gros investissements informatiques à l’avenir.
Quand vous calculez votre budget informatique et comparez les solutions informatiques, intégrez une analyse coûts-bénéfices (combien de temps et donc d’argent économisez-vous avec le logiciel médical A ou B pour vos principaux processus de travail?).
Respectez les onze recommandations des exigences minimales de la FMH pour la protection informatique de base et exigez-les de votre partenaire informatique.
Un cabinet de santé numérique commence par un logiciel simple et intuitif avec le plus grand nombre possible d’interfaces standardisées. Pour ce faire, il est essentiel de disposer d’une infrastructure informatique sûre et stable, qui fonctionne chaque jour de manière fiable avec les logiciels du cabinet et tous les appareils médicaux. Quelques rares prestataires de logiciels pour les cabinets peuvent assurer des services centralisés à partir de leur propre Swiss Health Cloud. Sur simple pression d’un bouton, les laboratoires, les radiographies, les attributions électroniques, les rendez-vous électroniques, les inscriptions électroniques des patients, les consultations vidéo et également le dossier électronique du patient déjà connectés peuvent être mis à disposition de chaque fournisseur de prestations. Pour que la Suisse fasse un grand pas en avant dans ce domaine, nous avons besoin de tels logiciels de cabinets, de plateformes et d’écosystèmes ouverts qui favorisent la mise en réseau à l’échelle nationale et qui, ensemble, font progresser le système de santé.
Pascal Brack
est Executive Digital Transformation Manager chez Post CH Kommunikation AG/Digital Health et chargé de cours à la haute école d’économie de Zurich (HWZ) dans le CAS «Platforms & Ecosystems».