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Un appel aux femmes médecins à se mettre en réseau

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Édition
2022/44
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2022.21206
Bull Med Suisses. 2022;103(44):8-9

Publié le 01.11.2022

Inégalité salarialeLes femmes médecins gagnent en moyenne moins que les hommes. La FMH l’a évoqué dans le dernier numéro. S’exprimant à ce sujet, Bettina von Seefried, de l’association Medical Women Switzerland, explique ce qui doit changer et ce que les femmes peuvent faire.
Le fait que le thème de «l’inégalité salariale» soit considéré de manière de plus en plus critique dans la profession médicale est d’un côté réjouissant. D’un autre côté, il montre clairement ce que signifie le fait qu’une profession soit choisie et apprise majoritairement par des femmes, mais que la suite de la planification de carrière soit inégale pour les hommes et les femmes. La FMH n’attribue pas la différence salariale entre les hommes et les femmes en premier lieu à un système inégalitaire dans la structure des salaires (voir n° 43 du Bulletin des médecins suisses). Selon l’énumération de l’organisation des médecins, l’inégalité découle souvent de décisions de carrière qui différencient les parcours des femmes médecins de ceux de leurs collègues masculins. Ces différences conduisent finalement à ce que les femmes gagnent moins.

Une évolution de carrière stoppée plus tôt

Docteure Petra Jantzer, Senior Managing Director de l’entreprise de conseil Accenture et présidente de l’association Advance – Gender Quality in Business, a utilisé le terme «broken rung» à ce sujet lors d’une réunion du réseau Medical Women Switzerland (MWS). Ce n’est donc pas un «plafond de verre» qui éloigne les femmes des hauts postes, mais un coup d’arrêt dans l’évolution de carrière lors des premières étapes de promotion. C’est ce qui ressort d’études menées par les milieux économiques ainsi que des statistiques de répartition par sexe dans les différentes fonctions d’une carrière hospitalière. La baisse du nombre de femmes se manifeste dès le niveau des chefs de clinique et s’accentue encore au niveau des chefs de service et au-delà.
Un autre facteur favorisant l’inégalité salariale est, selon le document-cadre de la FMH, la disparité dans le choix de la spécialité. Les formations spécialisées coûteuses, souvent axées sur la chirurgie et mieux rémunérées par la suite, sont sensiblement moins souvent choisies par les femmes que par les hommes. Le souci de concilier travail et famille joue ici un rôle important et ce souci détermine manifestement le choix de la spécialité bien avant même que la femme médecin ait fondé une famille.
Le document-cadre décrit également que l’accès aux ressources (opérations, affectations, case mix) pour les femmes dans le domaine médical est différent que pour les médecins hommes du même niveau de qualification. La méticulosité des femmes en termes de documentation et d’information de leurs patients a également pour effet qu’elles effectuent davantage de tâches mal rémunérées. Une autre analyse montre qu’elles facturent le travail fourni à un niveau inférieur à celui de leurs collègues masculins.

L’importance du réseau

Au sein du MWS, nous cherchons en premier lieu à mettre les femmes en réseau et à attirer leur attention sur ces corrélations dans le cadre de discussions. Un grand nombre des points soulevés doivent être éliminés par des changements systémiques, mais également dans l’approche des femmes médecins elles-mêmes. Par le biais de notre réseau et de nos événements, nous souhaitons aider les femmes médecins à avoir plus de courage et davantage confiance en elles et leur offrir la possibilité d’être conseillées en nouant des contacts personnels avec des modèles féminins issus de différentes disciplines. Il est souvent utile d’avoir conscience de la réalité. Les femmes se remettront moins en question et seront plus vigilantes et, espérons-le, plus aptes à se défendre à l’avenir dans les situations classiques mentionnées. Il en va de même pour d’éventuelles négociations de salaire.
Par ailleurs, des services d’égalité des chances doivent être créés et utilisés dans les cliniques de formation. Les grands exploitants de cabinets de groupe devraient être contraints à la transparence quant à leurs modèles salariaux. La responsabilité du changement nous incombe à nous aussi, médecins.
Il est nécessaire d’avoir une majorité de femmes médecins sûres d’elles et tournées vers l’avenir. En ce sens, le réseau MWS offre un contact avec de nombreuses femmes médecins dans des situations similaires et devant des décisions similaires dans toutes les spécialités médicales.
Dre méd. Bettina von Seefried
Spécialiste en gynécologie et obstétrique, notamment en gynécologie opératoire et obstétrique, vice-présidente du MWS et CEO de gynhealth GmbH
© Felix Bucher
Doctor's in the network with their patients.
Grâce à son réseau, Medical Women Switzerland aide les femmes médecins à avoir plus de courage et davantage confiance en elles.
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