Éthique médicale: les étudiants prennent la plume

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Dr phil., Institut d’éthique biomédicale et d’histoire de la médecine, Université de Zurich

Publié le 30.11.2022

Premio Pusterla Pour la cinquième fois, les étudiants en médecine de l’Université de Zurich ont eu l’opportunité de soumettre des essais en lien avec l’éthique médicale pour le concours Premio Pusterla. Le jury de spécialistes et le public ont désigné les trois meilleurs textes, que nous présentons ici.
Comme les quatre années précédentes, plus de 430 étudiants et étudiantes en premier semestre de médecine humaine et dentaire de l’Université de Zurich ont pu participer au concours d’écriture «Premio Pusterla Medizinethik» à l’automne 2021. Ils et elles ont d’abord passé trois après-midis en petits groupes pour se pencher sur les aspects éthiques du domaine médical dans le cadre d’un cours d’introduction. Ensuite, les étudiants et étudiantes de première année devaient terminer le cours obligatoire par la rédaction d’un court essai consacré à la présentation et à la discussion d’un cas posant un défi éthique dans un contexte clinique ou pratique. Les futurs et futures médecins ont ainsi eu l’occasion, dès le début de leurs études, d’aborder sous la forme d’une réflexion écrite des questions morales difficiles et parfois exigeantes sur le plan personnel, des questions qui pourront se poser dans leur future profession et auxquelles il n’est pas possible de répondre uniquement par des connaissances factuelles. Ils et elles ont élaboré, dans la mesure du possible, une proposition de solution correspondante. Il s’agissait d’appliquer encore une fois les contenus transmis et exercés dans le cours à l’aide d’un exemple pratique et d’illustrer leur pertinence en pratique médicale quotidienne.
De gauche à droite: Anissa Amstutz, Kim Sturzenegger et Aaron Severin Baumann, les finalistes du concours d’écriture «Premio Pusterla» 2022.

Bien plus qu’une tâche obligatoire

Dans leurs courts textes, de nombreux étudiants et étudiantes ont choisi des cas qui avaient un lien personnel, racontant l’histoire de patients de leur entourage familial ou proche qui avaient besoin d’une aide médicale dans des situations de crise et qui avaient été confrontés à des situations parfois peu claires ou difficiles. Certains essais ont laissé transparaître que la rédaction était pour l’auteur bien plus que l’accomplissement d’une tâche obligatoire dans le cadre des études régulières. Non seulement les thèmes et les conflits décrits, mais aussi la façon de les traiter, leur présentation écrite et la réflexion ont éveillé un engagement particulier chez l’étudiant ou l’étudiante de première année. Chez certains, ce n’était pas seulement une note très personnelle qui reflétait le choix des études médicales et leur souhait professionnel d’aider les gens plus tard en tant que médecins, mais c’était aussi le plaisir de formuler et d’exprimer le trop humain (et parfois le trop médical) dans l’une ou l’autre rédaction obligatoire. Ainsi, une grande partie du semestre a été consacrée à relire et à retravailler son texte après les cours, à en affiner la formulation et à le soumettre au concours de rédaction.
Anissa Amstutz lit son essai, pour lequel elle a reçu le premier prix.

Qualité des textes impressionnante

Comme les années précédentes, la qualité de nombreux essais a été impressionnante cette année. Les dix meilleurs textes ont été sélectionnés à l’unanimité pour le deuxième tour. Les étudiants et étudiantes ont alors eu l’occasion de continuer à travailler sur leur texte avec l’aide et les conseils de l’autrice et rédactrice suisse Silvia Tschui, de corriger les défauts stylistiques et dramaturgiques et de soumettre à nouveau le texte révisé. Ensuite, un jury réunissant trois experts et experte issus de la médecine, avec des connaissances à la fois de la littérature et de la perspective du patient (Melitta Breznik, Frank Clasemann, Christoph A. Meier), a désigné, selon une procédure anonyme, les trois essais qui, à ses yeux, avaient le mieux réussi à présenter des thèmes pertinents d’éthique médicale de manière attrayante. Les candidats désignés ont participé à la finale publique du concours. Cette année, la finale s’est déroulée à la Maison de la Littérature (Literaturhaus) de Zurich. Les trois auteurs ont présenté leurs textes en direct, permettant aux membres du jury ainsi qu’au public de se prononcer. Le résultat global du vote a désigné Anissa Amstutz comme la gagnante du Premio Pusterla Medizinethik 2022 avec son essai «Behandlung gegen den Willen» (Traitement contre la volonté) traitant du cas du délire comme défi éthique. Kim Sturzenegger a remporté la deuxième place avec «Dreimonats- spritze bei Frauen mit einer kognitiven Beeinträchtigung» (Injection tous les trois mois chez les femmes souffrant de troubles cognitifs). Aaron Severin Baumann a pris la troisième place avec «In dubio pro aegrota» sur le thème toujours brûlant de l’aide au suicide. Le texte de la gagnante est présenté dans ce numéro du Bulletin des médecins suisses (BMS), les deux autres textes sont disponibles sur le site web du BMS.
Traduit de l’allemand par Corine Mouton Dorey