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Vaccine contre la variole du singe

News
Édition
2022/37
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2022.21047
Bull Med Suisses. 2022;103(37):8-9

Publié le 13.09.2022

Vaccination La Confédération achète des vaccins contre la variole du singe – en quantité limitée et pour une utilisation sans label. Les premières livraisons arrivent en octobre. Ce que les médecins doivent dire aux personnes souhaitant se faire vacciner et qui prend en charge les coûts.
L’OFSP recommande une vaccination intradermique avec deux doses de 0,1 ml du vaccin Imvanex à quatre semaines d’intervalle.
© Jhdt Stock Images Llc / Dreamstime
La Suisse souhaite acheter 40 000 doses du vaccin Imvanex efficace contre la variole du singe. Pour quels groupes de personnes est-il recommandé?
Nous recommandons, avec la CFV, la vaccination des groupes à risque. Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (MSM) et les personnes trans changeant fréquemment de partenaires sexuels en font partie. Par ailleurs, le vaccin peut être indiqué pour les personnes exposées au virus de la variole du singe pour des raisons professionnelles. Le personnel médical et le personnel travaillant dans les laboratoires spéciaux, mais également les personnes en contact avec des malades sont concernés. L’objectif est de rompre la chaîne de transmission, de protéger les enfants, les femmes enceintes et d’autres éventuelles personnes à risque.
Quelque 80 000 MSM vivent en Suisse et présentent un risque potentiel d’être infectés par la variole du singe. La Confédération table toutefois sur 20 000 personnes souhaitant se faire vacciner et achète la quantité de doses correspondante. Ce chiffre peut-il être revu à la hausse si davantage de vaccins sont nécessaires?
Les recommandations de vaccination reposent sur les données scientifiques disponibles et sur l’expérience internationale acquise à ce jour. Des experts de terrain et des infectiologues ont également été consultés pour évaluer la quantité de vaccins à commander.
Les personnes exposées à un risque de contamination élevé doivent être vaccinées. Le risque n’est pas élevé pour tous les MSM, mais surtout pour les personnes qui changent fréquemment de partenaires. On peut s’attendre à ce que la demande pour ces personnes à haut risque soit aussi élevée que dans d’autres pays. Mais rien n’indique que tous les MSM et toutes les personnes trans souhaitent se faire vacciner de manière générale.
Comment faire s’il y a plus de candidats à la vaccination que de doses disponibles?
Dans un premier temps, nous ne pourrons administrer que les vaccins dont nous disposerons vraiment. Selon la demande, il sera donc nécessaire de prioriser les vaccins pour les personnes les plus exposées au virus.
Serait-il possible de commencer par vacciner tous les volontaires avec une dose et d’attendre avec la deuxième dose jusqu’à ce qu’un plus grand nombre de doses de vaccin soient disponibles?
L’OFSP et la CFV ont défini la stratégie de vaccination sur la base de données scientifiques disponibles pour les données d’efficacité. Durant la première phase où le vaccin risque d’être encore disponible en faibles quantités, la stratégie de vaccination prévoit une vaccination intradermique avec deux doses de 0,1 ml à quatre semaines d’intervalle au minimum. Les données disponibles montrent que l’efficacité est aussi élevée qu’avec une administration sous-cutanée de deux fois 0,5 ml à quatre semaines d’intervalle. L’administration intradermique permet de vacciner cinq fois plus de personnes à risque. Dès que la pénurie de vaccins sera surmontée, nous passerons au schéma de vaccination sous-cutanée. Sur la base des données actuelles, il n’est pas clair si attendre plus longtemps avant d’administrer la 2e dose de manière sous-cutanée offrira la même protection vaccinale.
En plus du vaccin, la Confédération souhaite également acheter 500 doses du médicament antiviral Tecovirimat, efficace dans les cas d’infection à la variole du singe. Dans quels cas doit-il être utilisé?
Tecovirimat est principalement utilisé en cas d’évolution grave de la maladie, afin d’atténuer l’évolution ou de réduire les complications.
Que doivent dire les médecins à leurs patients avant l’administration de ces médicaments?
Dans le cas présent, il s’agit de l’utilisation d’un vaccin et d’un médicament non autorisés (sans label). Il est possible de recourir à ces médicaments dans certaines conditions. Dans le cas d’une utilisation sans label, le devoir d’information est plus élevé. Cela signifie que le médecin doit fournir des informations suffisantes et qu’il est recommandé d’obtenir le consentement écrit de la personne à vacciner ou à traiter.
Les médicaments n’étant pas encore autorisés, les caisses-maladies ne sont pas tenues de les rembourser. Comment la prise en charge des coûts est-elle réglée?
Les coûts du vaccin, de la vaccination et des produits thérapeutiques seront provisoirement assumés par la Confédération jusqu’à ce que les conditions soient réunies pour que l’assurance obligatoire des soins (AOS) puisse les prendre en charge. Pour la vaccination, les partenaires tarifaires doivent convenir d’une solution de remboursement. Lorsque les produits thérapeutiques auront été autorisés par Swissmedic, ils pourront être intégrés à la liste des spécialités et remboursés par l’AOS.
Dre méd. Linda Nartey
Elle est vice-directrice et responsable de l’unité de direction Prévention et services de santé de l’OFSP.