Que reste-t-il de la pandémie?

Zu guter Letzt
Édition
2022/13
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2022.20621
Bull Med Suisses. 2022;103(13):458

Affiliations
Dr méd., directeur du service médical de Zurich, membre du comité de l’Association des médecins dirigeants d’hôpitaux de Suisse, membre de la rédaction

Publié le 29.03.2022

A l’heure actuelle, il est probable que la grande majorité des lectrices et des lecteurs du Bulletin des médecins suisses profite de l’assouplissement des mesures (post?)-Covid 19. Je ne sais évidemment pas de quoi l’avenir sera fait ni où nous en serons dans un mois, par exemple si un nouveau variant aura émergé lors de la publication du présent article. Mais grâce aux températures plus clémentes et à l’absence des jours froids et humides, les chances semblent bonnes pour que nous puissions savourer le printemps. Pour ma part, j’ai pris une pause début mars et j’aimerais partager avec vous quelques observations et réflexions. Pour toutes celles et tous ceux qui ne veulent plus entendre parler de pandémie, je vous conseille de jeter un œil à la caricature en fin de numéro.
Après presque deux ans de pandémie, je m’étonne encore toujours des différentes manières de porter le masque. Lors de mes trajets quotidiens pour me rendre au travail, je constate que la bouche et le nez ne sont pas toujours entièrement couverts. Je sais bien que c’est désagréable, mais un nez qui pointe au-dessus d’un masque ne va pas stopper la transmission du virus. Il y a quelque temps, j’ai même vu des personnes retirer leur masque pour discuter dans les transports publics.
Le port du masque permet de réduire la distance sociale. Nous ne montons plus de la même manière dans un train ou dans un bus, nous sommes à nouveau plus proches les uns des autres, ce qui fait que je perçois plus fréquemment l’odeur du parfum de ma voisine ou de mon voisin. Quand je sors du train, la distance et le calme ont disparu et tout le monde s’agglutine à nouveau.
Et même le fait d’enlever son masque et de le ranger ­devient intéressant. C’est impressionnant de voir à quel point ces petites fibres synthétiques se déforment facilement. Des exemples peu flatteurs ont d’ailleurs été partagés des millions de fois sur les réseaux sociaux.
Au niveau sociétal, n’avons-nous toujours pas pris conscience du fait que les masques représentent non seulement une protection pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres? Au cours de ces deux dernières années, les changements pour mes patientes et patients, pour mon entourage et pour moi-même ont été importants, mais qu’en reste-t-il? 
Il semblerait que la «nouvelle liberté» dont nous jouissions actuellement se mue en insouciance, ce qui n’est pas sans poser de problèmes. Nous pouvons nous estimer heureux de ne pas avoir eu à vivre ce que la région de Bergame en Italie a traversé. Mes ­collègues tessinois m’ont relaté par bribes à quel point la situation avait été difficile. Notre marge de manœuvre n’est pas grande et pourtant nous devrions exercer une influence là où nous le pouvons. Cela ne concerne pas que le port du masque, mais aussi le fait de ne pas se rendre au travail si nous sommes malades afin de protéger non seulement nos patientes et patients, mais aussi nos collaboratrices et collaborateurs. Chacun, chacune d’entre nous peut faire la différence.
Je vous souhaite de passer de nombreux bon moments en famille et entre amis ces prochaines semaines.
daniel.schroepfer[at] zuerich.ch