D’agréables odeurs ont à nouveau commencé à flotter dans les cages d’escalier des immeubles. La préparation des fêtes bat son plein et de nombreuses familles se mettent à confectionner des biscuits de Noël. Cette tradition avait et a toujours cours dans ma famille aussi. Nous avons d’ailleurs très vite remarqué que les grandes quantités de biscuits étaient englouties avant la fin des fêtes et qu’il ne restait que ceux que l’on avait bien cachés. Un autre aspect amusant et enrichissant consistait à échanger les recettes et les paquets de biscuits dans les familles, avec les amis et les amies ou le voisinage. Il existe une multitude de recettes de «croissants à la vanille», dont les différentes saveurs les rendent encore plus goûteux. Je remercie d’ailleurs ma grand-mère de nous avoir appris à faire un «Stollen» de Noël, même si mon essai culinaire d’il y a deux ans l’a bien fait sourire. Il semblerait que j’aie encore du potentiel dans ce domaine.
Avec un peu d’imagination, on peut voir les études de médecine comme le mélange de base de la pâte à biscuit et les formations postgraduées spécifiques comme les différentes saveurs. Il est important de se spécialiser dans différentes disciplines, de devenir expert ou experte et de se démarquer des autres. Nous, les médecins, sommes plutôt doués dans ce domaine, chacun s’occupant de son pré carré et veillant à ce que personne ne piétine son gazon. Peu nombreux sont celles et ceux qui utilisent leurs compétences pour nourrir le dialogue ou voir plus loin. Or, dans la situation actuelle, et là je fais aussi explicitement référence à la période avant la pandémie, il serait judicieux que le corps médical se montre uni sans se perdre dans des intérêts particuliers. Nous sommes face à différents défis, bien trop nombreux pour tous les nommer ici.
Selon moi, nous n’avons toujours pas réussi à créer des conditions de travail attrayantes pour nos jeunes collègues dans le secteur hospitalier du pays. Les idées innovantes et les exemples en ce sens existent et pourtant cette année, j’ai à nouveau dû faire une lettre de recommandation pour un collègue qui souhaitait postuler dans un autre hôpital pour pouvoir travailler «seulement» à 80%. Même si créer des postes à temps partiel dans les hôpitaux représente un réel défi, il ne faut pas oublier qu’en ne nous adaptant pas à cette réalité, nous hypothéquons non seulement notre propre avenir mais aussi celui de la relève.
Je discute régulièrement avec des collègues qui, après deux ou trois ans de formation, veulent interrompre leur activité par manque de postes à temps partiel ou parce que les horaires de travail dépassent clairement ce qui avait été convenu par contrat. Les besoins de la nouvelle génération, donc celles et ceux qui nous succéderont, ne peuvent pas être mesurés à l’aune des besoins que nous avions. Les remarques des «anciens», selon lesquels les choses étaient déjà ainsi à notre époque et pourquoi faudrait-il qu’il en soit autrement aujourd’hui, ne me semblent pas constructives. Ne devrions-nous pas plutôt considérer que les besoins de la jeune génération ont changé et tenter d’y répondre afin de pouvoir continuer à garantir des soins de qualité?
A mes yeux, le corps médical n’exploite pas encore totalement le potentiel que pourrait avoir l’impact de ses actions (communes ou réunies). Ce n’est qu’unis – peu importe que l’on exerce dans le secteur hospitalier ou en pratique privée – que nous pourrons faire valoir nos revendications auprès des différents acteurs du domaine de la santé et au-delà. Peut-être que pour y parvenir nous faudra-t-il adapter nos structures et voir plus loin que la seule défense de notre pré carré. D’autres groupes professionnels y sont parvenus en Suisse et même dans les pays qui nous entourent, les médecins interviennent à l’unison.
Lorsque le corps médical arrive à s’accorder sur plusieurs points tout en restant nuancé, il est plus à même de faire entendre sa voix, tant en son sein que vis-à-vis de l’extérieur.
Permettez-moi de conclure en vous souhaitant, ainsi qu’à vos proches, d’excellentes fêtes de fin d’année.
daniel.schroepfer[at]
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