De la déontologie et du marché des droits de polluer

Briefe / Mitteilungen
Édition
2021/2930
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2021.20004
Bull Med Suisses. 2021;102(2930):959

Publié le 20.07.2021

De la déontologie et du marché des droits de polluer

Le marché des droits de polluer l’air [1] est ­incompatible avec le droit humain à la vie et à la santé. Car la science prouve cette évidence: la vie et la santé dépendent de l’air. Quiconque le pollue le transforme en matière nocive et se rend coresponsable de calamités sanitaires.
Or, la déontologie médicale assigne aux disciples d’Hippocrate le devoir de protéger la vie et de maintenir la santé des êtres humains (art. 2), et leur devoir suprême les pousse à s’opposer aux ordres et aux lois qui vont en sens contraire [2]. Car nul n’est en mesure de se soustraire à sa condition biologique de respirer de l’air propre. Ainsi, les acteurs du marché des droits de polluer s’arrogent un pouvoir de vie et de mort sur les populations. Le médecin se doit de prendre fait et cause pour les victimes des droits de polluer contre les malfaiteurs et leurs appuis institutionnels et politiques.
Je salue le retour aux sources de la FMH, qui a manifesté sa volonté de se référer à sa déontologie [3].
La Loi CO2, qui dispose l’intégration de la Suisse dans le marché européen des droits de polluer, est incompatible avec la déontologie médicale.
Par conséquent, j’attends des médecins et de leurs organisations qu’ils interviennent et s’engagent pour la protection des êtres ­humains contre la monstruosité [4] d’un tel ­marché.