Reprendre le rythme des soins chroniques: une Urgence Médicale

Briefe / Mitteilungen
Édition
2020/2324
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2020.18966
Bull Med Suisses. 2020;101(2324):748-749

Publié le 03.06.2020

Reprendre le rythme des soins chroniques: une Urgence Médicale

Etant l’un des médecins qui ont soutenu la crise humanitaire en Syrie depuis 2011, notre expérience en médecine de catastrophe peut se transposer sur les suites de la crise de la pandémie du Corona sur quelques éléments clés.
Le nombre de morts lié à une catastrophe médico-sanitaire ne se limite absolument pas aux victimes directes de la cause principale, s’agissant d’un virus ou d’une guerre meurtrière.
Le nombre total des victimes de ces catastrophes se détermine aussi par les dégâts collatéraux durant la crise elle-même ainsi aux dégâts consécutives à cette crise à moyen et long terme.
Le virus qui tue durant la crise a pu, par le truchement du confinement, tuer indirectement un nombre incalculable de personnes fragiles que l’isolement a privé de soins médicaux ­urgents.
En effet, les statistiques de certains pays européens démontrent une baisse très importante de nombre d’admissions des cas d’infarctus (de l’ordre de 30%). Constatation effarante qui signifie que les malades habituellement adressés aux urgences pour se faire soigner d’affections majeures n’ont pu profiter de ces soins aigus nécessaire à leur survie ou bien à éviter des handicaps définitifs.
S’agissant d’une guerre qui prive les civiles de l’accès aux soins et aux médicaments ou d’une pandémie qui prive des personnes chronique­ment malades n’ayant plus leurs contrôles médicaux réguliers et laissés à eux même isolés et privés d’un suivi médical ­adéquat, le constat nous impose une réflexion urgente pour pallier à une situation qui perdure.
Malgré un début d’une levée de confinement timide, les malades chroniques continuent à éviter les cabinets médicaux par peur d’être contaminés par le virus.
Il est de notre devoir, corps médical et autorités publiques, de s’attaquer à la question de manque d’information pour améliorer l’accès aux soins pour ces personnes vulnérables.
Une information crédible et claire est ainsi plus qu’urgente: les soins médicaux pour les personnes malades chroniquement doivent reprendre de suite, au risque de voir les chiffres des statistiques de mortalité annuelle, cachés pour le moment, de ces victimes indirectes grimper d’avantage et alourdir le bilan final de la catastrophe.