Sécurité?

FMH
Édition
2020/09
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2020.18690
Bull Med Suisses. 2020;101(09):278

Affiliations
Dr méd., membre du Comité central de la FMH, responsable du département Santé publique et professions de la santé

Publié le 26.02.2020

Gérer l’incertain est une compétence élémentaire en médecine, un point fondamental dans la relation avec le patient. Une médecine humaniste, fondée sur les preuves, inclura donc toujours cette compétence qui nous permet de faire face à l’incertain. A juste titre car ni l’être humain ni ses valeurs en tant que patient vis-à-vis des traitements médicaux ne répondent à des normes. Ce n’est pas sans raison que la WONCA, il y a dix ans déjà, avait convoqué une conférence à Bâle sur le thème Dealing with uncertainty. En santé publique, il n’est pas rare de devoir prendre des décisions équilibrées sur la base de données loin d’être parfaites mais collectées à un coût raisonnable. La nécessité de décider prime sur le souhait de connaître tous les faits. Pour la FMH, la sécurité des patients revêt autant d’importance que la sécurité de la prise en charge, car l’une dépend toujours de l’autre. Au-delà de la question de l’approvisionnement en médicaments et en vaccins, le présent numéro du Bulletin des médecins suisses porte également un regard critique sur l’approvisionnement en dispositifs médicaux. Il semble que dans les années à venir, un mélange toxique associant défaillance des marchés et mesures réglementaires teintées d’idéologie et éloignées de la pratique aura un impact négatif sur la sécurité de l’approvisionnement et donc sur la sécurité des patients, sans parler des dommages collatéraux pour le personnel de santé. Dans un avenir proche, la probabilité de ne pas avoir suffisamment de dispositifs médicaux, de médicaments et de vaccins à disposition en Suisse aura ­dépassé la probabilité actuelle d’avoir des dispositifs ­médicaux, des médicaments et des vaccins sûrs. Un nouveau dialogue, participatif et intégratif, doit voir le jour. Le manque de transparence, les intérêts particuliers, les préjugés aux relents idéologiques, la méconnaissance du terrain et la volonté de diviser pour mieux régner ne sont ni durables, ni à la hauteur de systèmes complexes tels que le corps humain ou le secteur de la santé. Les sujets que traite le département Santé publique1, professions de la santé2 et produits thérapeutiques3 méritent une autre culture du dialogue, à l’image de celle qui existe déjà sur le terrain, au niveau des compétences médicales. Une culture du dialogue fondée sur la méfiance, l’exclusion et les ­préjugés idéologiques ne sera jamais en mesure de ­répondre aux exigences de systèmes complexes. L’humain est au centre. L’appareil administratif et les lois doivent servir et faciliter le quotidien et le vivre ensemble sans les étouffer. Les dominer ne résoudra aucun problème; au contraire, d’autres seront créés. C’est à l’aune de la maxime de Cicero Salus populi suprema lex esto, mise en exergue dans le hall de la coupole du Palais fédéral, que sera mesurée la qualité du travail des commissions de la santé du Conseil national et du Conseil des Etats mais aussi du Conseil fédéral. Au côté des sociétés de discipline médicale, nous encourageons les sociétés cantonales de médecine, si elles ne l’ont pas encore fait, à créer un poste de responsable de santé publique ou de délégué à la prévention dans leur comité et à intervenir en conséquence au niveau cantonal. Cela vaut la peine. Merci beaucoup pour votre engagement.