En matière de climat comme pour le tabac - Désinformation par des lobbys

Briefe / Mitteilungen
Édition
2019/16
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2019.17785
Bull Med Suisses. 2019;100(16):582-583

Publié le 16.04.2019

En matière de climat comme pour le tabac – Désinformation par des lobbys

Merci à notre confrère François Pilet pour son article «Myopie ou cécité?», à propos de l’inaction – en tout cas la lenteur – du Parlement ­fédéral sur des enjeux majeurs [1]. A ce propos, on peut rappeler que, dans le dernier quart du 20e siècle, des chercheurs genevois notamment ont mis à jour l’étendue des manipu­lations de l’industrie du tabac pour minimiser grossièrement les données scientifiques quant à la nocivité de leur produit et discréditer ceux qui œuvraient pour la santé de la population.
Plus ça change, plus c’est la même chose… La presse romande s’est récemment faite l’écho (24 heures du 15 mars, voir aussi Le Temps du 14 mars) d’attaques à l’endroit des scientifiques qui attirent l’attention sur le dérèglement climatique et ses effets: dans le style de qui a été fait par les cigarettiers, ces actions visent à disqualifier ces personnes voire les insulter. Parmi les cibles de ces manœuvres, deux professeurs d’université et climatologues reconnus, Martine Rebetez, de l’Université de Neuchâtel, et Reto Knutti, de l’EPFZ.
On a à faire ici à des milieux dont les efforts sont en opposition frontale avec les intérêts de la santé publique et le maintien d’un en­vironnement vivable. Plus inquiétant encore, il apparaît que ces groupes économiques et leurs communicants sont proches les uns des autres. De plus, on sait que trop de parlementaires fédéraux sont liés à ces influenceurs ­délétères. L’industrie du tabac a le bras long, comme ont le bras long les multinationales des matières premières et celle des énergies fossiles – énergies dont il faut se passer très ­rapidement. Voir la manière dont le Conseil des Etats vient de liquider l’initiative pour des multinationales responsables.
Tout cela est sombre, surtout pour ceux qui nous suivent. Il importe que tous ceux, jeunes et vieux, que préoccupe l’état de notre planète se mobilisent – y compris cet automne pour envoyer à Berne un parlement qui soit moins inféodé à des puissances économiques qui ne reculent pas devant la dissémination de «fake news», voire la menace, à l’endroit de celles et ceux qui veulent sauvegarder le bien commun.