Incertitude? Mais c’est la médecine!

Briefe / Mitteilungen
Édition
2018/43
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2018.17279
Bull Med Suisses. 2018;99(43):1487

Publié le 24.10.2018

Incertitude? Mais c’est la médecine!

La FMH trouve la formulation de la nouvelle directive de l’ASSM dangereusement imprécise, lorsque cette dernière dit qu’une «souffrance insupportable» ouvre la possibilité à un médecin d’assister le suicide d’un-e patient-e.
Bien, mais... je ne comprends pas!
Le médecin est pourtant typiquement un-e gestionnaire de l’incertitude, en particulier en médecine de premier recours et dans les disciplines où la relation au patient, à la patiente, est au premier plan.
La difficulté à quantifier de façon mathématique le côté insupportable d’une souffrance semble ainsi quelque chose d’inhérent à notre profession: l’incertitude ne devrait pas nous effrayer, nous en avons l’habitude de façon quotidienne, et c’est sans doute l’une des grandeurs de la médecine que d’assumer cette difficulté particulièrement humaine.
Qui donc pourrait affirmer que la médecine est le monde de la certitude et que, faute de cette dernière, nous médecins devrions renoncer? Est-ce à force d’être imprégnés d’EBM que certains souhaitent rejeter cette réalité si riche?
C’est, certes, une responsabilité que de devoir travailler et décider dans un contexte d’incertitude, mais cela est tellement quotidien en médecine que je ne comprends pas qu’on s’en effraie, qu’on le rejette.
Pire, cela sous-entend qu’on souhaite une médecine aseptisée, normalisée, informatisée, alors que nous devrions défendre la créativité humaine dans notre métier!
La nouvelle directive de l’ASSM ouvre une porte qui aurait dû l’être depuis longtemps; bien sûr, cela demande des règles et des garanties de sécurité, mais comme médecin, la rejeter est une négation de notre nature même.
En plus, cette nouvelle directive n’oblige personne, elle permet. La FMH ne devrait pas avoir peur de la liberté et de la responsabilité du médecin!