La Suisse ne ratifie pas la Convention cadre de l’OMS contre le tabagisme – Inadmissible!

Briefe / Mitteilungen
Édition
2018/41
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2018.17237
Bull Med Suisses. 2018;99(41):1405

Publié le 10.10.2018

La Suisse ne ratifie pas la Convention cadre de l’OMS contre le tabagisme – Inadmissible!

Le 1er octobre s’est ouverte au siège de l’OMS à Genève la conférence des pays parties à cette convention cadre. La Suisse, qui l’a signée en 2004, n’y participe pas… parce que, depuis tantôt quinze ans, elle n’a jamais ratifié ledit texte. Parce qu’on considère qu’il s’agit d’un sujet mineur? Plus probablement, c’est là un signe de l’efficacité à Berne des lobbies anti-­prévention, représentant des industries qui sont des disease mongers (marchands / colporteurs de maladies).
Difficile, à vrai dire inadmissible, pour les milieux qui se préoccupent de santé (et cela devrait être inadmissible pour notre population!), d’accepter que, année après année, notre pays ne veuille pas reconnaître le danger majeur qu’est le tabac (10 000 morts par an en Suisse). La majorité du Parlement fédéral ne veut rien savoir de l’histoire des prises d’influence et manœuvres de Big Tobacco (savoir, l’industrie mondiale du tabac dont des membres importants ont leur siège chez nous), depuis des décennies: désinformation, dénégations indignées, manœuvres dilatoires pour éviter l’instauration de limites à la vente ou la publicité – alors que de telles limites font baisser la consommation. Non contente de manipuler les chiffres attestant de la nocivité du produit, on peut dire qu’elle tente de manipuler les consciences, celles des cibles de leurs lobbyistes.
Le 6 septembre dernier, impressionnante émission «Temps présent» de la RTS Un, in­titulée «Attention, ce Parlement peut nuire à votre santé», sur les liens très discutables (le mot est très faible) de dizaines de politiciens inféodés à cette industrie. Y compris dans le cadre d’un groupe dit «pour une prévention raisonnable», qui en réalité freine des quatre fers pour éviter toute prévention.
Après avoir l’an dernier renvoyé à l’expéditeur un projet de loi sur les produits du tabac qui proposait de modestes avancées, le Conseil national vient de refuser à quelques voix près une mesure (minimale) visant à limiter la publicité auprès des jeunes. Je connais passablement de parlementaires bourgeois mais n’arrive guère à réconcilier notre amitié avec leur opposition à la protection de la santé. Clairement, le corps médical et ses organisations devraient s’engager plus fermement dans ce débat.