smarter medicine: la liste «Top-5» de la SSG

Weitere Organisationen und Institutionen
Édition
2017/44
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2017.06101
Bull Med Suisses. 2017;98(44):1449–1450

Publié le 31.10.2017

Comme d’autres sociétés médicales, la Société Suisse de Gastroentérologie (SSG) soutient l’objectif de l’initiative Choosing Wisely. Elle souscrit aux recommandations Choosing Wisely de la société américaine de gastroentérologie et les a jugées intégralement applicables et pertinentes pour la Suisse.
Il ne s’agit pas, à cet égard, de prononcer des interdictions. L’objectif est d’amorcer une discussion ouverte entre l’opinion publique, les patients et les médecins sur le thème des excès de traitement. Afin de répondre à un besoin d’informations, la SSG envisage de publier et de diffuser plus largement des propositions pour une utilisation raisonnable des offres médicales, avec le concours de la population et des organisations de patients.
1. Pour le traitement pharmacologique des patients présentant une pathologie de reflux gastro-œsophagien (RGO), un traitement anti-acide à long terme (inhibiteurs de la pompe à protons ou antagonistes des récepteurs de l’histamine 2) devrait être titré à la dose minimale efficace et nécessaire pour atteindre les objec­tifs thérapeutiques.
Le principal risque identifiable associé à la réduction ou à l’interruption du traitement anti-acide est une aggravation des symptômes. Il s’ensuit que la décision concernant la nécessité (et le dosage) d’un traitement de maintien se base sur l’impact de ces symptômes résiduels sur la qualité de vie du patient et que ce traitement n’est pas envisagé comme une mesure de contrôle de la maladie.
2. Le dépistage du cancer colorectal (quelle que soit la méthode) chez des individus présentant un risque moyen devrait être réitéré au plus tôt dix ans après une coloscopie totale négative.
Le délai recommandé entre chaque coloscopie de dépistage chez les adultes sans risque augmenté de cancer colorectal est de dix ans à partir de l’âge de 50 ans. Des études publiées indiquent que le risque de cancer est faible pendant dix ans si une coloscopie totale n’a pas détecté de néoplasie dans cette population.
Ainsi, à la suite d’une coloscopie totale ayant donné un résultat normal, le délai à observer avant un nouveau dépistage colorectal suivant devrait être de dix ans.
3. Ne pas renouveler de coloscopie pendant au moins cinq ans chez les patients présentant un ou deux petits polypes adénomateux (<1 cm), sans dysplasie de haut grade, entièrement éliminés par coloscopie totale.
La date d’une coloscopie de suivi devrait être déterminée en fonction des résultats d’une précédente coloscopie totale. Des recommandations (publiées) basées sur des preuves concrètes préconisent que les patients présentant un ou deux petits adénomes tubulaires avec dysplasie de faible degré soient surveillés par coloscopie de suivi dans un délai de cinq à dix ans après la polypectomie initiale. La date précise au sein de cet intervalle doit se fonder sur d’autres facteurs cliniques, tels que les résultats des précédentes coloscopies, les antécédents familiaux et les préférences du patient et le jugement du médecin.
4. Chez un patient auquel on a diagnostiqué un œsophage de Barrett et dont la biopsie à l’issue d’une deuxiè­me endoscopie a confirmé l’absence de dysplasie, aucun examen de suivi ne devrait être effectué avant trois ans selon les recommandations publiées.
Chez les patients présentant un œsophage de Barrett sans dysplasie (modifications cellulaires), le risque de cancer est très faible. Dans de tels cas, il est approprié et prudent d’examiner l’œsophage et de vérifier s’il existe ou non une dysplasie. Toutefois, ces examens de contrôle ne doivent pas intervenir plus fréquemment que tous les trois ans, car si ces changements cellulaires surviennent, ils le font très lentement.
5. Chez un patient présentant un syndrome de douleurs abdominales fonctionnelles (conformément aux critères Rome IV), la tomodensitométrie ne devrait pas être renouvelée à moins d’un changement majeur dans les résultats cliniques ou dans les symptômes.
L’exposition aux rayons X conduit à une augmentation faible, mais mesurable du risque de cancer. La tomodensitométrie abdominale fait partie des examens ayant une exposition relativement élevée aux rayons X, équivalente à trois ans de rayonnement naturel. En raison de ce risque et de son coût élevé, la tomodensitométrie ne devrait être effectuée que si elle est susceptible de fournir des informations utiles pouvant modifier la prise en charge du patient.

La campagne «smarter medicine»

Une nouvelle association de soutien dynamise en Suisse l’initiative «smarter medicine» lancée il y a trois ans. Les orientations de la campagne sont soutenues par des organisations médicales spécialisées et professionnelles, mais aussi par des associations qui défendent les intérêts des patients et des consommateurs. Ensemble, elles souhaitent sensibiliser le public au fait qu’en médecine et pour certains traitements, moins peut parfois signifier plus de qualité de vie pour les personnes concernées.
«smarter medicine» s’est adaptée à l’initiative américaine «Choosing Wisely» qui remporte un grand succès et qui a pour but non seulement de déboucher sur des «décisions judicieuses», mais aussi d’encourager une franche discussion entre le corps médical, les patients et le public.
Dans les prochains mois, d’autres sociétés de disciplines publieront leurs listes Top-5 avec des recommandations pour leurs domaines d’activité.
Vous trouverez plus d’informations concernant l’asscociation de soutien et les listes Top-5 publiées sous www.smartermedicine.ch.

Elaboration de cette liste

L’ American Gastroenterological Association (AGA) a convoqué un groupe de travail comprenant des membres du Clinical Practice and Quality Management Committee (CPQMC), le président du Practice Management and Economics Committee (PMEC), le directeur médical du Digestive Health Outcomes Registry de l’AGA et des membres du conseil de direction de l’institut de l’AGA. Le CPQMC a prié le groupe de travail de trouver cinq idées d’éléments à prendre en compte, le CPQMC ayant lui-même développé des sujets supplémentaires, ce qui a donné lieu à une ébauche de six éléments. Le groupe de travail a continué à restreindre et à affiner la liste avant de soumettre son ébauche finale à l’approbation du CPQMC et du PMEC. Après les derniers perfectionnements destinés à simplifier le langage utilisé et à éviter toute terminologie clinique complexe, la liste finale a été remise au conseil de direction de l’institut de l’AGA et approuvée par celui-ci.
Le comité de direction de la SSG s’est appuyé sur la liste ­Choos­ing Wisely publiée en avril 2012 par l’American Gastroenterological Association et l’a jugée intégralement applicable et pertinente pour la Suisse.
Une liste détaillée des références et des recommandations d’autres sociétés médicales est disponible en ligne sous:
Association de soutien ­smarter medicine
c/o SSMIG
Monbijoustrasse 43
CH-3001 Berne
smartermedicine[at]
sgaim.ch