On en revient à Osler…

Zu guter Letzt
Édition
2017/38
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2017.05990
Bull Med Suisses. 2017;98(38):1240

Affiliations
Dr med., membre de la rédaction

Publié le 20.09.2017

Il est divertissant de constater qu’il en faut peu pour se voir attribuer une étiquette qui vous suit à longue échéance et vous est régulièrement rappelée. Dans mon cas, il s’agit de la réputation de fan inconditionnel de Sir William Osler. Et il est vrai que je suis toujours impressionné par le caractère actuel de nombreuses pensées de ce légendaire spécialiste de la médecine ­interne qui est né au Canada en 1849, a fait partie des professeurs fondateurs de la Johns Hopkins Medical School à Baltimore et est décédé en 1919 à Oxford. Il est l’auteur du célèbre traité pédagogique «The principles and practice of medicine», une grande école ­d’observation au chevet des malades. Par ailleurs, de nombreux autres textes et citations extraits de ses conférences nous sont parvenus*, dont certains restent étonnamment pertinents, y compris au regard de problématiques et questions d’aujourd’hui, ou constituent du moins des pistes de réflexion stimulantes.
Comme on me demande régulièrement si j’ai épuisé mon répertoire de maximes d’Osler, je souhaite attester par quelques citations que tel n’est absolument pas le cas:
«Medicine is a science of uncertainty and an art of proba­bility.»
Je ne connais pas de définition concise de la nature de la médecine qui soit plus précise et pertinente, même plus d’un siècle plus tard.
«The battle against polypharmacy, or the use of a large number of drugs (of the action of which we know little, yet we put them into bodies of the action of which we know less) has not been fought to a finish. One of the first duties of the physician is to educate the masses not to take medicine.»
Cet appel à utiliser les médicaments avec modération et pour des indications claires est aussi justifié de nos jours qu’il l’était manifestement à l’époque.
«Soap and water and common sense are the best disinfectants.»
Ne nous a-t-il pas été récemment rappelé que le lavage correct des mains est (devrait être) la principale mesure de lutte contre la transmission des germes au sein des institutions de santé?
«In science the credit goes to the man who convinces the world, not to the man to whom the idea first occurs.»
Depuis qu’Osler a formulé ce constat, plus d’un chercheur en a fait la douloureuse expérience.
«To combine in due measure the altruistic, the scientific and the business side of our work is not an easy task. In the three great professions, the lawyer has to consider only his head and pocket, the parson the head and the heart, while with us the head, heart and pocket are all engaged.»
Osler serait sans doute ébahi s’il connaissait l’importance du «business side» dans le monde du travail actuel des médecins. Il faut espérer que les aspects «head and heart» conservent à l’avenir aussi suffisamment de poids pour maintenir l’équilibre avec le facteur «pocket».
«The average physician wastes fifty to sixty percent of his time in going from place to place or in the repetition of uninstructive details of practice.»
De toute évidence, la productivité et le temps que les médecins pouvaient consacrer directement à leurs patients étaient déjà des sujets de préoccupation il y a plus de cent ans.
«A faculty without its troubles is always in a bad way – the water should be stirred. Some ferment should be brewing; the young men should always be asking for ­improvements, to which the old men would object.
The search for static security – in the law and elsewhere – is misguided. The fact is security can only be achieved through constant change, adapting old ideas that have outlived their usefulness to current facts.»
Ce plaidoyer contre l’immobilisme entêté et pour l’évolution nécessaire au sein des facultés et dans la vie en général est absolument intemporel et devrait aujour­d’hui encore être prononcé ici et là.
«The practitioner needs culture as well as learning. Start at once a bedside library and spend the last half hour of the day with the saints of humanity.»
Les médecins ont besoin de connaissances et de compétences médicales, mais leur personnalité doit également inclure une culture générale approfondie et une vaste curiosité intellectuelle.
Les deux dernières citations se suffisent à elles-mêmes et se passent de commentaire – je laisse donc le mot de la fin à Osler:
«The philosophies of one age have become the absurdities of the next, and the foolishness of yesterday has become the wisdom of tomorrow.»
«I desire no other epitaph than the statement that I taught medical students in the wards, as I regard this as by far the most useful and important work I have been called to do.»
werner.bauer[at]saez.ch