Mais où est donc passée l'hypertension artérielle ?

Briefe / Mitteilungen
Édition
2016/48
DOI:
https://doi.org/10.4414/bms.2016.05193
Bull Med Suisses. 2016;97(48):0

Publié le 30.11.2016

Mais où est donc passée l’hypertension artérielle?

Lettre concernant: La nouvelle «Stratégie nationale» clôt une lacune importante. Kessler C, Mahler F. Bull Méd Suisses. 2016;97(44):1518–9.
Dans un numéro récent du BMS a été publiée une nouvelle stratégie nationale contre les maladies cardio-vasculaires, l’attaque cérébrale et le diabète pour la période 2017 à 2024 [1]. Ce texte a été rédigé par la Fondation Suisse de Cardiologie, la Société Suisse de Cardiologie, l’Union des Sociétés Suisses des Maladies Vasculaires, Société Cérébrovasculaire Suisse et les organisations suisses dédiées au diabète. Les objectifs très louables de ce document vont du renforcement de la prévention et du dépistage précoce à la promotion d’une prise en charge intégrée ou encore voire le comblement des lacunes financières et l’amélioration des conditions-cadres de la politique. Cette stratégie prévoit plusieurs priorités stratégiques dans le domaine des maladies cardiaques, cérébrovasculaires et du diabète avec des champs d’action bien définis dans chacun de ces secteurs.
A la lecture de cette stratégie, les membres 
de la Société Suisse d’Hypertension, membre partenaire de CardioVasc, ont été très sur-
pris de constater que parmi les priorités définies par le groupe, aucun champ d’action ne concerne l’amélioration de la détection, de la prise en charge et du suivi des patients hypertendus alors que l’hypertension artérielle représente le facteur de risque principal pour 
la survenue de complications cardiaques comme l’insuffisance cardiaque ou la fibrillation auriculaire. Il en va de même pour les complications cérébrales comme l’accident vasculaire cérébral ou pour les complications du diabète. Ainsi, 60% des patients souffrant d’une fibrillation auriculaire sont hypertendus. De même, 50% des accidents vasculaires ischémiques sont liés à l’hypertension. Chez les patients diabétiques, la présence d’une ­hypertension artérielle augmente significativement le risque de complications cardiaques, oculaires, vasculaires et rénales.
Considérant ces données épidémiologiques dans les 3 domaines concernés par la nouvelle stratégie, il est donc surprenant que l’hypertension ne fasse pas partie des priorités, d’autant plus qu’en Suisse, comme dans tous les pays européens, la moitié des patients hypertendus ne sont pas identifiés et ne sont donc pas traités. De plus, parmi les patients traités pour une hypertension, environ 60% ne sont pas aux cibles recommandées. Par ailleurs, chez les individus de plus de 50 ans, qui représentent la majorité des patients suivis pour une maladie cardiaque, cérébrale, vasculaire ou diabétique, 50–60% des Suisses sont hypertendus [2].
Il nous semble donc indispensable que l’amélioration du diagnostic et de la prise en charge de l’hypertension artérielle fasse partie des priorités de la stratégie nationale contre les maladies cardio-vasculaires, l’attaque cérébrale et le diabète 2017–2024. A notre avis, aucune amélioration substantielle de ces pathologies ne pourra avoir lieu si l’on n’améliore pas la prise en charge des facteurs de risques que sont l’hypertension artérielle, mais aussi la dyslipidémie et le tabagisme. Récemment, le Lancet a publié un «call of action» pour diminuer les complications liées à l’hypertension artérielle dans le monde [3]. Cet appel définit clairement un certain nombre de priorités pour l’hypertension artérielle dont le groupe CardioVasc Suisse pourrait s’inspirer.
Nous souhaitons que les Sociétés savantes 
qui ont rédigé la nouvelle stratégie tiennent compte de l’appel à la collaboration formulé par la Société Suisse d’Hypertension dans la réalisation de leurs futurs projets.
Au nom des membres du comité de la SSH